Les IA sont appréciées par les militaires pour neutraliser plus rapidement les ennemis, comme l’avoue le Pentagone. Mais du côté de l’éthique, les discussions piétinent pour parvenir à une réglementation internationale. Cela fait d’ailleurs des années que les membres de l’ONU souhaitent discuter d’un cadre légal à l’utilisation de ces Sala. Il n’est plus question de les interdire, mais plutôt de mettre en place un traité régulant leur utilisation. Si l’envie semble être là, les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde… traînent toujours les pieds sur ce règlement qui ne sera pas forcément à leur avantage. Il faudra attendre jusqu’à l’été prochain pour voir la publication d’un rapport de l’ONU qui servira de base à de nouvelles négociations, avec un résultat qui risque d’être toujours identique.
Alors, en attendant chaque pays accélère le développement de ces robots pour ne pas se laisser distancer. Certaines de ces machines sont déjà disponibles à titre expérimental, et même sont utilisées en conditions réelles sur les champs de bataille, notamment en Ukraine. Dans ce dernier cas, l’IA n’est pas encore employée pour détruire des cibles de façon autonome, mais elle le pourrait. Pour le moment, seul un opérateur humain peut décider de « presser la gâchette ».
Dans le cas de la France, l’IA militaire est en développement depuis des années. Et pour ce qui est de l’associer aux robots, c’est une mission qui était jusqu’à présent réservée aux industriels de l’armement. Il y a quelques jours, la Direction générale de l’armement a accordé à SafranSafran Electronics Defense et KNDS France le soin de développer le projet « Droite », pour mettre au point des robots guerriers. Mais, aujourd’hui, les grandes entreprises développant des IA civiles entrent dans cette chasse gardée historiquement par ces industriels.
L’HX-2 de Helsing est un nouveau drone suicide piloté par IA qui passe outre les systèmes de brouillage. Un autre modèle, le HF-1 va équiper les forces ukrainiennes. © Helsing
Un nouveau mélange des genres gagnant
Ainsi, ce 10 février, au Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle à Paris, MistralMistral AI – fleuron français de l’IA – a signé un partenariat avec Helsing, une entreprise européenne spécialisée dans l’IA de défense. Helsing est déjà connue pour ses drones, avec notamment des munitions rôdeuses intelligentes, comme l’HX-2. Cette alliance va leur permettre de développer une IA de défense européenne. Elle reposera sur un domaine particulier, appelé « vision-language-action models ». Il s’agit de connecter les IA aux machines robotiques afin qu’elles puissent analyser leur environnement via des capteurscapteurs et décider des actions entreprendre. Les partenaires comptent aller vite, avec des premiers résultats attendus d’ici quelques mois. Il faut dire que les géants américains de l’IA ne s’embarrassent plus et ont, pour le moment, une longueur d’avance. Depuis quelques mois déjà, ils ont fait sauter les verrousverrous qu’ils s’étaient imposés pour interdire le développement de solutions militarisées.
Les chartes éthiques remisées
Après OpenAI, qui a changé sa charte d’utilisation et qui développe des solutions d’IA avec l’industriel Anduril, GoogleGoogle a discrètement réorienté la sienne dernièrement.
Google a maintenant les mains libres pour pouvoir capter des contrats militaires. Le géant d’internet était à la traîne. Outre OpenAI, Anthropic (Claude) et Meta ont déjà passé des accords avec notamment Panlantir ou Anduril qui développent des solutions technologiques pour l’armée américaine.
Avec l’arrivée des géants de l’IA dans le secteur de l’armement, la frontière entre l’usage civil et le militaire commence à se confondre. C’est assez révolutionnaire et c’est sans doute une conséquence de la guerre technologique en Ukraine où les drones issus du civil deviennent des armes de guerre. Ce mélange des genres se retrouve dans d’autres domaines, comme celui de l’influence numérique qui est, elle aussi, devenue une véritable arme.