Avec Instagram, les utilisateurs ont du talent. Leur arrêt de bus devient une œuvre d’art. Enfin, tout cela reste très relatif, mais l’usage – et l’abus – de filtres permet de donner un intérêt, croient-ils, à de nombreux clichés. Il paraît même que cela en dit long sur votre personnalité…
Les filtres, c’est un peu la raison d’être de cette application de partage de photos née fin 2010. Elle revendique aujourd’hui 100 millions d’utilisateurs. Et pourtant, 43% d’entre eux en font un usage “normal” (c’est-à-dire sans filtre), d’après une récente étude de Marketing firm Marketo.
“Directement sorti de l’appareil photo”
Plus qu’une pratique, c’est devenu une revendication. Certains utilisateurs ont pris l’habitude de mentionner “SOOC”, pour Straight Out Of Camera (littéralement, “directement sorti de l’appareil photo”, soit sans retouches). Dernier signe distinctif en date : le “hashtag” (mot-clé) #nofilter. Il figure actuellement dans le top 50 des hashtags les plus utilisés sur le réseau.
Déjà début 2012, le photographe américain Nick Stern s’était insurgé de l’usage de ces photos dans un article intitulé « Pourquoi les photos Instagram trompent le spectateur » :
« A chaque fois que je vois une de ces « nouvelles images » – subtilement altérée pour ressembler à une image prise sur un film vintage ou utilisant des lentilles et des filtres très chers – je me sens trompé. Et vous devriez aussi.
Les photographes de cette application n’ont pas passé des années à apprendre, à imaginer la scène, à attendre que la lumière soit pile comme il faut, changeant de lentilles et d’angles. Ils n’ont pas passé des heures dans une chambre noire, penché sur des plateaux de produits nocifs jusqu’aux premières heures du matin.
Pas plus qu’ils n’ont dépensé une grosse partie de leurs revenus dans le dernier équipement numérique (5 999 dollars de mon argent durement gagné viennent de partir dans l’achat d’un nouveau Nikon D4) pour s’assurer de rester au sommet du jeu.
Les photographes de cette (…)
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