PARIS (Reuters) – M6 a défendu à son tour, lundi, le passage en gratuit de sa chaîne payante Paris Première, affirmant que son modèle économique était menacé par la baisse conjuguée de ses recettes provenant de la publicité et de la distribution.
Le groupe de télévision a été auditionné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) une dizaine de jours après TF1, qui réclame le passage au clair de sa chaîne d’informations LCI sous peine de la fermer.
Le dirigeant de M6 Nicolas Tavernost s’est défendu de “tout chantage à l’emploi” et a assuré que le groupe “prendrait ses responsabilités” en cas d’échec de sa demande, tout en affirmant que l’avenir de la chaîne était aujourd’hui menacé.
“Je ne peux pas être le dernier japonais sur l’île de la TNT payante”, a expliqué Nicolas de Tavernost pour convaincre des membres du CSA pour certains dubitatifs.
M6 avait déjà brandi la perspective de pertes financières pour Paris Première lors d’une première demande – refusée – de passage en gratuit en 2011, mais cette crainte ne s’était pas concrétisée, la chaîne ayant gagné de l’argent en 2012.
La filiale de RTL fait valoir que le délitement de la TNT payante s’est accéléré depuis 2011, ce qui s’est traduit par une diminution du nombre de ses abonnés et une chute de ses revenus publicitaires attendus à sept millions d’euros en 2014 contre 13 millions il y a trois ans.
Parallèlement, les distributeurs de la chaîne comptent revoir à la baisse, voire supprimer, les revenus qu’ils versent à Paris Première pour pouvoir la diffuser au terme des contrats en cours fin 2014.
“Le pari de la télévision payante, c’est désormais une impasse que nous ne pouvons pas assumer seuls”, a assuré Nicolas Tavernost, qui fait le pari que la chaîne culturelle créée en 1986 trouvera sa place en gratuit grâce à la hausse attendue de son audience.
Paris Première vise ainsi un chiffre d’affaires publicitaire de 50 millions d’euros à l’horizon 2019, un objectif qu’elle espère atteindre en renforçant ses programmes pour lesquels le budget devrait doubler de 15 à 30 millions.
“Paris Première est une chaîne à part qui le restera. Elle ne chassera pas la ménagère de moins de 50 ans”, a expliqué Nicolas de Tavernost, en indiquant que la chaîne viserait les annonceurs haut de gamme.
Le CSA, qui prévoit de rendre ses décisions d’ici fin juillet, doit encore entendre les dirigeants de Canal+ concernant leur chaîne de documentaire Planète+.
(Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Michel Bélot)