Ils ont mélangé un avion et un hélicoptère. Le résultat dépasse toutes les attentes

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De l’aveu même de ses membres d’équipage d’essai en vol, rencontrés à Toulouse dans le cadre de l’Airbus Summit 2025, le Racer d’Airbus est allé au-delà des performances escomptées en juillet dernier. Prévu pour culminer à une vitesse de pointe de 400 km/h, il est parvenu à atteindre 420 km/h.

L’imposant engin, exposé ce lundi sur le tarmac à Toulouse durant l’événement de l’avionneur, attire les regards de la presse. Cet hélicoptèrehélicoptère expérimental est sans doute le plus rapide du moment et cela reste un exploit. Car, s’ils sont doués pour décoller et atterrir à la verticale ou bien rester en position stationnaire, les hélicoptères ne sont pas des foudresfoudres de guerre en termes de vitesse. Les engins les plus rapides ne peuvent aller au-delà de 300 km/h. La vitesse reste donc jusqu’à aujourd’hui la qualité première des avions.

Cette limitation est physiquephysique. Tout provient des pales qui font office de voilure tournante. En rotation, l’extrémité de la pale qui se dirige vers l’avant prend beaucoup de vitesse. Le niveau est pratiquement transsonique sur cette partie de la pale. Mais pour le reste et surtout la pale opposée, c’est tout le contraire. Plus la vitesse est élevée et plus la différence se marque. Avec une limite, celle d’une perte totale de portanceportance sur l’élément qui va le moins vite et un décrochagedécrochage. Autrement dit, s’il va trop vite, l’hélicoptère ne vole plus.

Le meilleur des deux mondes

Contrairement à un avion qui « glisse » sur sa masse d’airmasse d’air, un hélicoptère est un engin qui se maintient uniquement grâce à des effets contradictoires. Ainsi, pour empêcher la cellule de pivoter avec le rotor, il faut contrer l’effet par une queue dotée d’un rotor vertical. S’il est extraordinaire qu’un tel engin puisse voler, cela reste donc invraisemblable physiquement. Alors pour conserver les atouts de l’hélicoptère sans ses contraintes et lui permettre d’aller plus vite, autant mixer le meilleur des deux mondes en créant un engin hybridehybride ayant certaines particularités d’un avion. C’est ce que l’on appelle un girodyne et c’est exactement ce qu’Airbus a fait avec son Racer.

L’ingénieur de vol du Racer explique comment l’hélicoptère parvient à dépasser ses propres lois physiques pour aller aussi vite qu’un avion. © Sylvain Biget

L’appareil combine une aérodynamique optimisée pour les vitesses subsoniques élevées avec son simple rotor. C’est d’ailleurs sur le carénagecarénage de celui-ci que les dernières modifications ont été réalisées afin d’optimiser ses performances. Mais pour aller plus loin et surtout plus vite, des éléments propres aux avions s’invitent.

Ainsi, deux doubles poutrespoutres sur les flancs de l’engin font office d’ailes. À leur extrémité, se trouve de chaque côté un moteur propulsif Aneto-1X développé par Safran Helicopter Engines. En raison de ces deux moteurs latéraux, le rotor anticouple à l’arrière disparait. À la place de ce rotor de queue, on trouve un empennageempennage presque similaire à celui d’un avion, avec une double dérive aux extrémités.

Une consommation moindre de carburant

Et en vol, concrètement, pour passer du mode hélicoptère classique au mode hybride avion, lorsque le rotor atteint ses limites aérodynamiques, le Racer va ralentir sa vitesse de 15 %. Les moteurs propulsifs passent à plein régime et la portance des ailes fait son travail pour maintenir l’appareil en l’air. Avec cette combinaison, le Racer peut voler jusqu’à 50 % plus vite que les hélicoptères conventionnels. Mieux encore, l’appareil consommerait jusqu’à 20 % de carburant en moins grâce à cette architecture.

Les moteurs latéraux peuvent être activés au besoin et cela contribue à la réduction de la facture énergétique. Pour le pilote aux commandes de cet engin hybride, il n’y a aucune différence par rapport à un hélicoptère classique. Pour le moment, le Racer n’a réalisé qu’une dizaine d’heures de vol d’essais. Ce sont ses dernières améliorations (carénage de rotor optimisé et trappes de train d’atterrissage) qui lui ont permis de gagner en vélocitévélocité et de dépasser sa vitesse maximale théorique.

L’appareil ne part pas de rien. Il repose sur les travaux d’un vrai recordman, l’Airbus Helicopters X3 qui avait atteint une vitesse de 472 km/h en 2013. Le X3 était basé sur un Dauphin, quand avec le Racer, Airbus est parti d’une feuille blanche au niveau de la cellule. Pour le moment, le Racer reste un démonstrateurdémonstrateur, mais il pourrait bien faire « carrière ». Durant l’Airbus Summit, les dirigeants de l’avionneur ont expliqué que l’hélicoptère pourrait intéresser les services de secours. Airbus laisse également la porteporte ouverte à des usages militaires.

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