Les militaires appellent cela un LRM, pour « Lance-roquettes multiple ». Cette arme permet de bombarder massivement en quelques secondes une zone vaste sur le champ de bataille avec une multitude de roquettes. On appelait cela les orgues de Staline durant la Seconde Guerre mondiale, car les Soviétiques utilisaient massivement ce système. Les roquettes sont lancées à partir du LRM situé à plusieurs dizaines de kilomètres de la cible. Effet destructeur et psychologique garanti !
En France, depuis les années 1990, ces engins sont baptisés LRU (lance-roquettes unitaire). Le lance-roquettes est porté par un blindé américain à chenilles Bradley M 270 modifié. Mais l’armée de Terre n’en possède plus que neuf et seulement six sont opérationnels. Quatre ont été donnés à l’Ukraine et ceux restants ont été cannibalisés pour entretenir les autres. Dans tous les cas, faute de pièces détachées, ils vont être mis à la retraite à partir de 2027. Avec la guerre en Ukraine, le ministère des Armées a désormais conscience de l’importance de ces engins sur le terrain en cas de conflit. Pour les renouveler, la France privilégie donc des solutions de remplacement souveraines, plutôt que de faire l’acquisition d’Himar américains ou d’autres solutions étrangères, comme les Euro-PULS allemands-israéliens, le Chunmoo coréen du Sud, ou encore le Pinaka indien.
Trois propositions made in France
La Direction générale de l’armement (DGA) mise désormais sur SafranSafran-MBDA et Thales-ArianeGroup pour proposer de nouveaux modèles dès 2026. Le programme, appelé FLP-T (Frappe longue portée – terrestre), prévoit de livrer 13 LRM avant 2030, puis autant à l’horizon 2035. En attendant, il n’y a rien de disponible. Mais c’était sans compter sur la présentation du « bien-nommé » FoudreFoudre, un LRM « 100 % made in France », dévoilé mercredi par l’entreprise Turgis Gaillard. Futura avait déjà évoqué cette société qui avait présenté un prototype de drone Male français, appelé Aarok, sur le salon du Bourget il y a près de deux ans.
Le panier a une capacité de douze roquettes. Le châssis semble être celui d’un camion Renault Trucks Defense avec une cabine blindée adaptée. © Turgis Gaillard
Avec le Foudre, Turgis Gaillard marque un coup d’avance en attendant les propositions du consortium français. L’engin accepte les munitions de MBDA-Safran et d’ArianeGroup-Thales. Il peut également lancer les roquettes du Pinaka. Alors que le LRU actuel est conçu pour tirer des roquettes d’une portée allant jusqu’à 75 kilomètres, les nouveaux lanceurslanceurs devraient permettre d’atteindre des cibles au-delà de 1 000 kilomètres, voire 2 000 kilomètres. C’est désormais la nouvelle norme en raison de l’évolution des systèmes de renseignement (drones, satellites…).
Le drone Aarok dans l’écosystème du Foudre
Pour ce qui est des drones de renseignement, Turgis Gaillard imagine forcément un écosystèmeécosystème impliquant l’Aarok pour communiquer avec le Foudre. Ce que l’on sait, c’est que le panier à roquettes de l’engin peut lancer jusqu’à 12 munitions. Les roquettes guidées par GPS seraient tirées en moins d’une minute.
Pour le transport, pas de chenilles, le châssis repose sur ce qui semble être un camion Renault Kerax avec une nouvelle cabine blindée. Il lui permettrait de parcourir jusqu’à 1 000 kilomètres en 24 heures. Autre avantage, le Foudre est conçu pour être embarqué dans un A400M ou un C-130 Hercules. Il répond également aux standards de l’Otan pour intégrer tous types d’équipements ou de munitions compatibles.
Turgis Gaillard a de l’avance sur le consortium en charge de développer un LRM par la DGA. La société compte réaliser ses premiers tirs de démonstration dès l’an prochain. Pour ne pas brusquer ses deux concurrents, la firme a tout fait pour que sa proposition soit complémentaire. En tout cas, si elle est retenue, elle pourrait permettre d’éviter à l’armée de Terre de se retrouver dénuée de LRU pendant quelques années.