Pourquoi le B-787 d’AirAir India s’est-il écrasé dès son décollage il y a près d’un mois ? Dès le lendemain du drame, Futura avait évoqué une anomalieanomalie relevée par un commandant de bord de B-787 que nous avions interrogé. Depuis, les hypothèses fusent. Pollution du carburant, problème de moteurs, erreur de manipulation, etc. Et en l’absence immédiate de réponses, rumeurs et théories du complot assistées par IAIA ont cherché à combler le manque d’informations.
Ce que l’on sait pour le moment, c’est que l’on ne sait rien ou presque. Si les boîtes noires ont été retrouvées, une telle enquête est très longue et l’on n’obtiendra pas de conclusions dans l’immédiat, seulement des tendances, ou plutôt l’élimination de certaines hypothèses.
Demain, l’AAIB, c’est-à-dire le bureau indien d’enquête sur les accidentsaccidents aériens, soumettra son rapport préliminaire à la DGCA et au ministère indien de l’Aviation civile. Mais rien n’oblige les autorités à communiquer les informations qu’il contient. De toute façon, ce rapport préliminaire ne livrera aucune analyse : il se limitera à établir les faits connus.
Mais en attendant d’en savoir plus, l’un des médias les plus informés de l’affaire, The Air Current, a pu obtenir quelques confirmations sur certains éléments. Selon ses sources, proches de l’enquête, il n’y aurait pas eu de problème de pollution du carburant, ni de défaillance mécanique au niveau des deux moteurs GE Aerospace GEnx-1B. De même, aucun problème de volet n’a été relevé.
Les mouvements des deux interrupteurs d’alimentation en carburant des réacteurs sont étudiés par les enquêteurs. Ils sont en position « coupée » sur l’illustration. © TAP
Pas de défaillances techniques relevées
Toujours au niveau technique, si des informations sur des éléments défectueux ou suspects avaient été identifiés sur les données de la boîte noire, Boeing ou GE aurait déjà émis auprès des compagnies ce qu’on appelle un message « MOM » pour « message multi-opérateurs ».
Cette absence de notification indique clairement qu’une défaillance mécanique est à exclure comme cause principale probable de l’accident. D’ailleurs, aucune recommandation n’a été émise par les organismes internationaux de sécurité. Par sécurité, seule l’inspection de la flotte de B-787 d’Air India a été réalisée et rien de suspect n’a été identifié sur les autres appareils.
Alors comment expliquer le drame ? Manipulations humaines inappropriés, involontaires ou, plus dramatiques encore, intentionnelles ?
Des mouvements suspects
Actuellement, les enquêteurs se concentrent sur la manipulation des interrupteurs permettant de contrôler l’arrivée du carburant dans les moteurs. La boîte noire relève la position des interrupteurs et le moment précis de leurs mouvementsmouvements. Les données de performance des moteurs sont aussi mémorisées. Les deux interrupteurs en question sont placés en bas des manettes de poussée des deux réacteurs. Il y en a un par réacteur. Ils disposent de deux positions : ouvert ou fermé. Ils sont placés en position fermée à l’arrêt du moteur. En cas de panne d’un moteur en vol, ces interrupteurs peuvent être ouverts ou fermés pour tenter un redémarrage.
Ces interrupteurs peuvent donc arrêter brutalement l’alimentation du moteur qui leur est associé. Un mouvement accidentel des pilotes ne permet pas de modifier la position du sélecteur. Il est nécessaire de soulever l’interrupteur de sa butéebutée pour pouvoir le déplacer. De même, des protections latérales en métalmétal sont placées sur les côtés pour éviter un improbable geste pouvant les repositionner.
Les interrogations sur les mouvements de ces deux interrupteurs restent pour le moment la seule information qui a pu fuiter de l’enquête. Mais rien que pour établir la séquence complète et l’analyse des données qui y sont associées, ainsi que les enregistrements vocaux, il faudra encore des mois. Autrement dit, il est urgent d’attendre et de ne pas supposer.