Par définition, qu’elle soit conversationnelle ou non, l’IAIA n’a ni conscience, ni cœur, ni émotions. Elle est incapable de ressentir des émotions telles que l’espoir, la peur et la colère face au réchauffement climatique. Si elle parle d’urgence climatique, c’est uniquement parce qu’elle a été entraînée sur des textes humains où ce vocabulaire est courant. Elle répète donc ce qu’elle a appris, sans en faire l’expérience.
Autrement dit, si une IA vous dit : « La planète va mal, il faut agir », ce n’est pas parce qu’elle est inquiète, mais parce que cette formulation est statistiquement probable dans un contexte donné. Elle reproduit nos préoccupations, sans les éprouver.
Une alliée pour sauver la planète
Même sans ressentis, l’IA est déjà utilisée dans de nombreux projets écologiques :
- une analyse de données climatiques : une IA a traité plus de 100 000 études scientifiques. Elle a ainsi pu déterminer que le dérèglement climatique affecte déjà 85 % de la population mondiale ;
- la gestion des incendies : en analysant l’humidité, le ventvent et la végétation, des modèles d’IA aident à prédire où et quand les feux vont se propager ;
- la prévision des vagues de chaleur : grâce à l’IA et à ses réseaux neuronaux, les experts peuvent anticiper la canicule jusqu’à deux semaines à l’avance ;
- l’optimisation énergétique : Google utilise l’IA pour prédire la production des énergies renouvelablesénergies renouvelables. Le géant économise ainsi des millions de tonnes de dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO₂) ;
- la détection de la pollution et la déforestationdéforestation : des projets comme Climate QA décryptent les rapports du GiecGiec, tandis que d’autres systèmes détectent la déforestation en quasi-temps réel.
L’IA est mise au service de l’écologie, mais ne perçoit pas l’urgence environnementale. © Sheviakova, Adobe Stock
Un impact environnemental non négligeable
Malgré tout, il ne faut pas oublier que l’IA en elle-même a un impact environnemental considérable. Par exemple, une étude récente, publiée sur arXiv en mai 2025, précise qu’entraîner des modèles comme GPT-3 équivaut à plusieurs vols intercontinentaux, et les centres de données pourraient représenter jusqu’à 3 % de la consommation électrique mondiale d’ici 2027.
Il ne faut pas non plus oublier que l’Agence internationale de l’énergie alerte sur le paradoxe de Jevons, ou « l’effet rebond » : plus l’IA devient efficace, plus elle est utilisée, ce qui peut augmenter la consommation globale.
La sobriété reste donc à renforcer. En France, l’Afnor a publié un référentiel pour une « IA frugale », plus respectueuse en énergie et ressources. Nous avons la responsabilité d’utiliser cet outil de manière éthique, en conscientisant ses limites : ni conscience ni neutralité absolue.
Si l’IA ne peut ressentir l’urgence écologique, elle peut néanmoins contribuer à y répondre, à condition que nous la guidions avec discernement. Elle ne sera jamais une conscience de remplacement, mais un miroirmiroir amplificateur de nos priorités.
À nous, donc, de choisir ce que nous voulons y refléter : l’inaction ou l’engagement. Saurons-nous utiliser cette puissance technologique pour accompagner un véritable changement de société, ou ne fera-t-elle qu’accélérer les dérives actuelles sous couvert d’efficacité ?