Google affirme sauver le Web… et ses arguments laissent pantois

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Aux États-Unis, dans l’État de Virginie, GoogleGoogle fait face à un énième procès antitrust, axé sur son monopole présumé dans la publicité en ligne. Il s’agit des bannières publicitaires, des pop-ups et encarts qui s’affichent sur les sites web ou les plateformes. Pour éviter le démantèlement de ses activités publicitaires, Google vient de diffuser un argumentaire de 25 pages, dont le contenu est pour le moins déroutant.

Le géant de l’internet affirme qu’en cas de scission de ses activités liées à la publicité, les conséquences seraient dramatiques pour les éditeurs de sites et les médias en ligne.

Son argument principal repose sur l’affirmation que le « Web ouvert » connaît un déclin rapide et inéluctable. Le « Web ouvert », c’est-à-dire l’ensemble des sites financés par la publicité (comme Futura par exemple) perdrait du trafic et donc des revenus en raison de l’IAIA – notamment des chatbots et des applicationsapplications fermées, tels les réseaux sociaux ou encore les TV connectées.

Un discours totalement paradoxal, qui contredit d’ailleurs ce qu’affirmait encore il y a peu Sundar PichaiSundar Pichai, le patron de la firme. Il expliquait que le Web était florissant et que les outils de Google (moteur de recherche associé à l’IA) bénéficiaient aux éditeurs de publications.

Avec ce revirement, Google tente donc de s’ériger en grand protecteur de ces éditeurs pour éviter les sanctions. Cet aveu est d’autant plus surprenant qu’il serait plutôt dans son intérêt de minimiser son rôle en la matièrematière pour justement montrer qu’il n’est pas en situation de monopole.

Dans cette interview de mai dernier, Sundar Pichai, le patron de Google expliquait que l’intégration de l’IA représentait un atout pour les éditeurs de sites web. © Decoder

Un argument qui se mord la queue

La réalité, c’est que l’essentiel des revenus des éditeurs de publications en ligne peut être impacté du jour au lendemain par un simple changement dans l’algorithme de Google. Le trafic, et donc les revenus des éditeurs, peut baisser brutalement justement en raison du monopole de Google. Quant au déclin du Web ouvert, attribué en partie aux IA, la firme est plutôt mal placée pour tenir ce type d’argument. Elle a, elle-même, intégré son IA au moteur de recherche avec les Aperçus IA.

Ces derniers réalisent des résumés des résultats en fonction des requêtes de recherche. De fait, les utilisateurs du moteur de recherche Google sont beaucoup moins susceptibles de visiter des sites web, lorsque ces résumés sont mis en avant. Pour ajouter à l’absurdité de sa défense, Sundar Pichai a même prétendu dernièrement que l’IA avait permis de générer un trafic bien plus important vers un « large éventail de sources et d’éditeurs ».

Le problème, c’est que cette même IA est exploitée pour générer des quantités invraisemblables de contenus parfaitement adaptés aux algorithmes du moteur de recherche afin de les positionner dans les premiers résultats. Au final, ce que l’on peut constater, c’est que cette intégration de l’IA altère considérablement la qualité des résultats de recherche de Google.

Bref, avec ce discours paradoxal accusant l’IA et les plateformes fermées, Google occulte son propre rôle dans l’asphyxieasphyxie du Web qu’il prétend sauver. Pas certain que cette défense soit à son avantage.

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