Lors de son défilé du 3 septembre, parmi l’arsenal que la Chine a souhaité montrer au monde pour affirmer sa puissance, il y avait des drones prétendument de supériorité aérienne de sixième génération. L’architecture dédiée à la furtivitéfurtivité montrait des voilures mixtes dénuées d’empennageempennage et de dérive.
Du côté américain le développement de propositions de drones furtifs de combat collaboratif (loyal wingman) pour l’US AirAir Force se poursuit chez les industriels du secteur de l’armement. Le dernier en date est le Vectis de la division des projets avancés Skunk Works de Lockheed Martin. Contrairement à Anduril ou bien General Atomics, qui ont été retenus pour leurs drones de type loyal wingman considérés comme low-cost et désignés sous les appellations YFQ-42A et YFQ-44A, Lockheed Martin fait dans le haut de gamme. Si ses concurrents ont été retenus par l’US Air Force, c’est parce que la guerre en Ukraine a démontré que la survivabilité d’un drone de combat comptait moins que sa disponibilité en massemasse. L’avionneur reste cependant toujours convaincu qu’un drone de haute qualité, et certes coûteux, succombera moins au combat et que cela vaut toujours le coup, et le coût.
Effet de levier
Pour ce qui est de l’appareil, son nom de Vectis, signifie « levier » en latin. Ce mot a été choisi pour marquer l’effet de levier qu’ il est censé donner en mission de combat. Pour celles-ci, il mise sur l’endurance, l’autonomie et la flexibilité. Sur les deux premiers points Lockheed Martin explique qu’il n’est pas spécialement prévu pour être supersonique, car ce n’est pas son domaine. En revanche, sa portée et son endurance sont compatibles avec les théâtres indo-pacifique, européens, selon un communiqué de presse de Lockheed Martin. Au niveau polyvalence, il est conçu pour mener des opérations aussi bien, air-air, air-sol et de renseignement (ISR). L’industriel a évoqué l’emport de charges réutilisables ou « flexibles », à savoir des munitions, mais sans préciser lesquelles.
Sur une vidéo publiée par Lockheed Martin, on le voit faire l’acquisition de cibles avec ses capteurscapteurs, avant de recevoir l’ordre du F-22 dont il est l’ailier, de tirer ses missilesmissiles. Ces derniers semblent être extraits du fuselagefuselage. Évolutif, il pourrait également embarquer des modules de guerre électronique et des packages de relais de communication.
Vidéo de présentation du Vectis en situation de combat en collaboration avec un F-22.© Lockheed Martin
Conçu pour survivre
Ce n’est pas un petit gabarit. Il s’inscrit dans ce que les militaires américains appellent le Groupe 5, à savoir, les aéronefsaéronefs les plus grands et les plus performants de leur domaine. La masse de ce type de drone est de 600 kgkg et ils peuvent voler à plus de 5 500 mètres au minimum. Il serait plus petit qu’un F-16, mais plus grand qu’un gros drone suicide. S’il rentre dans ce cahier des charges de ce Groupe 5, c’est à peu près tout ce que l’on sait des caractéristiques précises de ce drone. En revanche, Lockheed Martin n’a pas été avare en illustrations pour présenter le design de ce drone et attirer par la même occasion le chaland. On peut y voir un drone sans queue, doté d’une aile en plan lambda et affublé d’une prise d’air supérieure.
Sur une vidéo, on peut observer une image montrant une vue virtuelle de l’architecture de la motorisation, avec un conduit en forme de vaguevague partant de la prise d’air vers l’échappement. Ce profil qui semble former un S est sans doute conçu pour réduire la signature infrarougeinfrarouge. L’avant du fuselage dispose d’un neznez aplati en forme de pelle. On peut voir des antennes et des petits de capots pour des capteurs. L’ensemble est paré pour un maximum de furtivité. Cette furtivité et sa capacité à fonctionner en collaboration avec des F-22 et F-35 auraient déjà été analysées et les résultats seraient spectaculaires selon Lockheed Martin.
L’ère des drones sans empennages
Globalement, ce drone qui mise sur la survivabilité et donc la durabilitédurabilité comme le met en avant l’industriel, rappelle d’anciens de ses propres concepts d’avions de chasse. Le Vectis fait donc partie de cette nouvelle génération de drones à ailes de type lambda comme ceux de la Chine ou bien le concept Wingman dévoilé par Airbus au début de cette année. Reste à savoir si l’US Air Force sera intéressé par ce drone haut de gamme. Le pari de l’industriel est risqué et il mise essentiellement sur un éventuel retour d’expérience décevant de l’armée américaine avec des drones moins onéreux et sacrifiables. Mais au final, si le Vectis est capable de mener les missions de drones « jetables » sans périr, c’est peut-être une bonne affaire.