« Voir avant d’être vu », c’est l’assurance-vie que propose le casque du soldat du futur imaginé et mis au point par Anduril. Baptisé EagleEye, c’est-à-dire « œil d’aigle », ce casque du futur ne sert pas uniquement pour sa fonction balistique, c’est un accessoire qui transforme le soldat en combattant « augmenté ». Et pour cela, c’est encore et toujours l’IA qui vient s’ajouter à l’équation. Avec ses différents capteurs et cette IA en guise de chef d’orchestre, le casque délivre au soldat des sens surhumains.
Tout se passe devant les yeux du soldat avec l’intégration de la XR (réalité augmentée et mixte). Les informations affichées permettent d’affiner la conscience qu’a le combattant de la situation sur le champ de bataille. Plus précisément, les lunettes projettent directement dans le champ visuel du soldat les informations essentielles, par exemple, la position des ennemis, celle des alliés ou des drones. Le casque est également bardé de capteurs pour assurer la vision nocturne ou thermique sur ces lunettes.
Au final, avec cet ensemble, le porteur du casque dispose d’une image 3D de toute la zone, couvrant plus de 200° en largeur et plus de 100° en hauteur. On trouve même un mode rétroviseur virtuel qui permet de contrôler ce qui se passe derrière, sans avoir pour autant à tourner la tête. Voilà pour ce qui est de la vue.
Pour l’autre sens, l’ouïe, l’EagleEye est à la fois capable de protéger les oreilles des détonations, tout en amplifiant les sons importants. La protection auditive intégrée au casque sert également de système de communication. Lorsque le système n’est pas utilisé, les rabats s’ouvrent pour que le soldat puisse écouter normalement. Le casque est aussi équipé de capteurs qui permettent d’identifier la provenance d’un tir ou de « bruits » et de l’afficher sur la visière.
Au lieu d’être bardé d’une multitude d’équipements, l’EagleEye a regroupé l’ensemble des capacités de vue nocturne, thermique, de réalité mixte et même acoustique dans un casque très compact et confortable. © Anduril
Il affiche les menaces invisibles
Sur le champ de bataille, il y a également ce que l’on n’entend pas et qui, pourtant, laisse des traces. C’est notamment le cas des signaux radio. Le casque peut ainsi, par triangulation, détecter et localiser l’origine des signaux radio des positions ennemies. Il sait aussi identifier les lasers, ce qui peut compliquer le verrouillage d’une cible par l’adversaire.
Pour synchroniser tout ce petit monde et fusionner les données des capteurs, des drones, d’autres véhicules terrestres et les flux d’informations émanant des autres soldats, c’est encore l’IA qui est à la manœuvre. Elle repose sur la plateforme IA Lattice d’Anduril. C’est elle qui délivre cette vision synthétique du champ de bataille mise à jour en temps quasi réel. Elle permet également d’assurer certaines fonctions de commandement, comme l’attribution aux drones d’une mission, ou la coordination des troupes.
Voir derrière les obstacles
Le casque peut être jumelé à une arme individuelle pour améliorer la précision des tirs en aidant le soldat à pointer la cible via les informations de la visière. Mieux encore, en exploitant les flux d’autres soldats équipés du casque, il est possible de « voir » derrière les obstacles, où des ennemis pourraient se cacher.
Augmenter la perception des soldats et les transformer en nœuds de données capables de partager des informations n’est pas une nouveauté. Différents accessoires assurant ces fonctions existent déjà. Mais leur encombrement est tel qu’ils sont bien plus gênants qu’utiles au combat. C’est, par exemple, le cas des lunettes de vision nocturne. Leur champ de vision est restreint et elles sont lourdes et encombrantes. Avec l’EagleEye, Anduril est en revanche parvenu à intégrer les équipements pour qu’ils soient plus confortables et très compacts.
Cette vidéo montre les capacités du casque EagleEye et notamment l’affichage des informations tactiques. © Anduril
Meta prépare la guerre
Ainsi, l’optique est directement intégrée au casque balistique, avec les capteurs acoustiques et radiofréquence. Les afficheurs sont également remplacés par des lunettes interchangeables. Il y a celles pour la réalité augmentée et la vue de jour, et des verres opaques pour la vision nocturne. D’ailleurs, il faut savoir que Meta fait partie de l’aventure. C’est la société qui a fourni les écrans XR des casques.
Anduril propose une autre option qui rend le soldat un peu plus inquiétant. Il s’agit d’une coque de protection balistique qui s’accroche au casque et qui protège le visage. Elle affiche toutes les informations sur un écran devant les yeux du combattant. Pas certain que ce procédé immersif sera apprécié, mais il a le mérite d’exister et d’éviter de vilaines blessures.
Auduril ne débarque pas de nulle part avec ce casque. La société américaine, fondée par le créateur du casque Oculus Rift, était déjà à l’origine de la solution IA qui équipait un projet de casques de réalité mixte, porté par Microsoft pour l’armée américaine. Le logiciel en question était déjà l’IA Lattice. Futura avait déjà évoqué les différentes avancées de ce programme baptisé à l’époque Ivas. Le casque EagleEyes est la continuité de ce projet avec une intégration plus poussée et plus compacte.
Anduril va maintenant mener des essais de terrain avec l’US Army et ambitionne une production en série de ces casques dès 2027.