Ce que révèle l’arrêt de Crucial : l’IA déclenche une crise de la mémoire dont on n’a pas encore mesuré l’ampleur

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C’est un véritable coup de tonnerre dans le milieu des composants. La marque Crucial ferme ses portes, victime de l’intelligence artificielle. La maison mère, Micron, a publié un communiqué pour annoncer son retrait du marché grand public ce mercredi 3 décembre. Il ne s’agit en aucun cas d’une faillite, mais d’un choix stratégique très lourd de conséquences pour les consommateurs.

Crucial est connue pour la mémoire, notamment la mémoire vive (RAM) et les disques durs SSD. Il s’agit d’une des principales marques utilisées par les gamers et autres passionnés d’informatique qui assemblent eux-mêmes leurs ordinateurs. Sa disparition risque d’aggraver la pénurie actuelle, poussant les prix encore plus vers le haut.

L’intelligence artificielle, nouvelle priorité absolue

Cette annonce intervient alors que le coût de la mémoire vive connaît déjà une hausse inouïe. En quelques mois, voire quelques semaines, certains produits ont vu leurs prix tripler. Et ce n’est que le début. Avec les très nombreux projets de construction de centres de données pour l’intelligence artificielle, certains composants, comme la mémoire, en viennent à manquer. Les serveurs n’utilisent pas tout à fait la même technologie que les ordinateurs personnels, s’appuyant plutôt sur la mémoire à large bande passante (HBM). Elle est plus rentable pour les fabricants, et un certain nombre d’entre eux ont arrêté une partie de leur production grand public pour se concentrer sur celle-ci.

C’est aussi la raison donnée par Micron pour l’arrêt de sa marque Crucial. « La croissance des centres de données, stimulée par l’intelligence artificielle, a entraîné une forte augmentation de la demande en mémoire et en stockage. Micron a pris la décision difficile de se retirer du marché grand public Crucial afin d’améliorer l’approvisionnement et le soutien de ses clients stratégiques plus importants dans des segments à croissance plus rapide », a déclaré Sumit Sadana, vice-président exécutif.

Micron ne produira plus de mémoire vive grand public. © Image générée avec Gemini

Une facture salée pour les consommateurs

Pour les gamers notamment, qui ont soutenu la marque pendant 29 ans, la nouvelle est particulièrement amère. Les prix de la mémoire vive grand public sont déjà à un niveau où beaucoup devront réfléchir à deux fois avant de mettre à jour ou changer leur ordinateur. Avec cette annonce, les prix risquent de grimper beaucoup plus rapidement. De plus, cela aura un effet domino sur toute l’électronique. Après les prix de la RAM et des SSD, ce sont les cartes graphiques, les consoles, les ordinateurs préassemblés et les smartphones qui seront touchés. Xiaomi a déjà déclaré avoir dû augmenter les prix de ses derniers modèles, et affirme que ce n’est que le début.

Une envolée des prix de l’électronique pourrait aussi avoir un effet catastrophique au niveau de la cybersécurité. Selon Dell, un milliard d’ordinateurs tournent encore sous Windows 10, alors que le système d’exploitation est en fin de vie. La moitié pourrait recevoir une mise à jour vers Windows 11, mais 500 millions d’ordinateurs seraient trop anciens. Si les Européens ont accès gratuitement aux mises à jour étendues, ce n’est pas le cas du reste du monde. De plus, même en Europe, Windows 10 ne recevra plus aucune mise à jour de sécurité après le 13 octobre 2026. De nombreux utilisateurs risquent tout simplement de ne pas avoir le budget pour un nouvel ordinateur. Heureusement, il restera toujours l’option de remplacer Windows par Linux, tout du moins pour ceux qui en ont les compétences techniques…

Une crise sans fin en vue ?

Certains spécialistes prédisaient que la situation durerait un an ou deux, avant que l’offre et la demande se rééquilibrent et les prix redescendent. Toutefois, Samsung et SK Hynix, les deux principaux producteurs de mémoire vive (Micron est troisième), ont annoncé ne pas vouloir risquer une surproduction, et, par conséquent, ne vont pas, ou très peu, investir dans l’augmentation de la capacité de production. La crise pourrait donc durer plus longtemps que prévu, bien après 2028.

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