Lors de leur sortie, les industriels conféraient aux supports de stockage optiques (CD, DVD…) au moins 100 ans de durée de vie pour mettre à l’abri des données. La réalité fut décevante : la plupart des supports sont devenus illisibles ou se sont détériorés au bout de cinq à dix ans. Les Blu-Ray ne valent pas beaucoup mieux et même les M-Disc réputés pour leur robustesse peuvent décliner. Alors, comment faire traverser de précieuses données durant des centaines d’années ?
De nombreuses expérimentations ont déjà eu lieu, et Futura s’en fait régulièrement l’écho. Parmi elles, le projet Silica de Microsoft, avec ses plaques de verre de quartz gravées, capables de résister à l’usure durant des milliers d’années. Le stockage ADN synthétique a été aussi testé, avec une promesse de stabilité s’élevant à plusieurs milliers d’années. D’autres supports en céramique gravée ont également été envisagés. Mais rien n’égale ce que propose la société SPhotonix.
Elle ne promet pas quelques milliers d’années de longévité, mais près de 14 milliards d’années ! Qui dit mieux ? Pour garantir cette durée de vie, la société utilise un support en cristal de silice. Il est capable de stocker jusqu’à 360 To sur un plateau en verre de 5 pouces.
Des données pour l’éternité
Pour parvenir à cette densité, les données sont stockées dans du verre de silice qui fond sous les impulsions d’un laser ultrarapide. Autrement appelé laser femtoseconde, il émet des impulsions de lumière extrêmement courtes. Ces impulsions modifient la structure du verre pour créer des points minuscules appelés voxels, l’équivalent 3D des pixels. Chaque voxel change la façon dont la lumière se propage dans le verre : c’est ce que l’on appelle « la biréfringence ».
Avec ce procédé, on peut enregistrer des données sous cinq dimensions d’information (trois pour la position et deux pour les variations d’intensité optique). Ainsi, un cristal de quelques centimètres peut stocker des centaines de téraoctets de données et les conserver potentiellement des milliards d’années, sans dégradation.
Selon SPhotonix, même en subissant une température de 190 degrés, les voxels taillés dans du cristal de silice devraient durer 13,8 milliards d’années, soit l’âge estimé de l’Univers.
Bien que personne ne puisse être présent pour vérifier cette longévité, le cristal de silice est effectivement infiniment plus stable que les méthodes de stockage de données magnétiques ou électroniques. Il faudra encore que des lecteurs puissent les lire au fil des siècles. La société n’en est plus vraiment au stade du laboratoire. SPhotonix souhaite déjà pousser sa technologie vers les acteurs principaux du cloud pour leur proposer de déployer certains de ses prototypes dans leurs centres de données.