Né en 1912 à Londres dans une famille de fonctionnaires, Alan Turing développe très tôt un goût prononcé pour les chiffres et le raisonnement logique, ainsi qu’un talent évident pour la résolution de problèmes complexes. Cette prédisposition va être déterminante car elle va nourrir, dès ses jeunes années, son ambition de repousser les limites du calcul et de révolutionner les mathématiques.
Après des études secondaires au Marlborough College et à la Sherborne School, puis supérieures à la prestigieuse université de Cambridge, les choses sérieuses vont pouvoir commencer. En 1936, il invente la « machine de Turing », un modèle abstrait de calcul universel, composé d’un ruban infini, d’une tête de lecture-écriture et d’un ensemble d’états, qui est capable d’exécuter n’importe quel algorithme, ouvrant ainsi le chemin à la conception des premiers ordinateurs programmables.
Décoder Enigma
Peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, Turing rejoint, aux côtés de quelques-uns des plus brillants esprits de l’époque, un programme du renseignement britannique qui a pour objectif de décoder les messages cryptés avec les machines Enigma, particulièrement sophistiquées pour l’époque, que l’armée allemande utilise pour informer ses différentes unités des plans stratégiques décidés par l’État-major.
À la tête de l’équipe chargée de percer les chiffrages les plus hermétiques, il conçoit des méthodes mathématiques et des dispositifs électromécaniques capables d’explorer systématiquement l’ensemble des clés possibles, ce qui va s’avérer déterminant pour pénétrer les communications nazies.
Après la guerre, officiant au National Physical Laboratory puis à l’université de Manchester, Turing concentre ses efforts sur la construction de cerveaux électroniques, et met au point les premières architectures d’ordinateurs à programme enregistré.
Le test de Turing a été fondamental dans le développement de l’IA. © Restons Curieux, YouTube
Le test de Turing
En 1950, dans l’article scientifique Computing Machinery and Intelligence, il invente un test, qu’il appelle « jeu d’imitation », dont l’objectif est d’évaluer la capacité d’un programme à faire preuve d’une intelligence semblable à celle de l’Homme. Concrètement, un interrogateur humain dialogue par écrit avec deux entités cachées, un humain et un ordinateur, sans les voir. Si, après cinq minutes, l’interrogateur n’arrive pas à distinguer la machine, celle-ci passe le test.
Mort en 1954 à l’âge de 42 ans, Alan Turing incarne la figure tutélaire de l’informatique, à qui il a donné sa structure et sa substance. Les travaux de ce mathématicien génial, très en avance sur son temps dans ses réflexions, ont été indispensables au développement de l’intelligence artificielle et de la cryptographie moderne. Le test qui porte son nom est toujours utilisé aujourd’hui et reste aussi pertinent que lorsqu’il a été conceptualisé il y a 75 ans.