Google va alimenter ses IA avec… une énorme batterie gonflée au CO₂, et ce n’est pas un paradoxe

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Pour leur développement les IA s’accaparent les stocks de composants dédiés à la mémoire, mais aussi les ressources d’énergie. Tous les moyens sont bons pour en obtenir en quantité et les considérations écologiques passent généralement au second plan. Parmi les solutions envisagées par les géants de la tech, il y a les mini-réacteurs nucléaires, ou encore la production d’énergie par le turboréacteur de l’avion supersonique Boom Supersonic. Google compte sur une source d’énergie plus respectueuse de l’environnement et qui peut fonctionner nuit et jour, quelles que soient les conditions météo, contrairement aux éoliennes ou aux panneaux photovoltaïques. La firme s’est associée avec la société italienne Energy Dome pour alimenter, dans l’avenir, en électricité ses centres de données. Et c’est une étrange batterie fonctionnant à base de CO2 qui produira cette énergie.

L’Energy Dome est déjà au stade de prototype fonctionnel. Celui-ci se trouve en Sardaigne et occupe cinq hectares de terrain. La batterie est donc gigantesque et ressemble à une énorme baudruche. Elle est capable de produire jusqu’à 200 MWh d’électricité, soit 20 MW en 10 heures. La batterie n’en porte que le nom. Car au lieu d’un électrolyte et d’anodes et cathodes, cette batterie est « gonflée » avec 2 000 tonnes de CO2. Le gaz ne provient pas de la capture des émissions industrielles ou de l’air ambiant. Il est fourni par un producteur de gaz. Ce CO2 de qualité industrielle, donc sans impureté, est d’abord comprimé à 55 bars. Ensuite, un système de stockage d’énergie thermique le refroidit à température ambiante. Enfin, un condensateur le transforme en liquide. Ce dernier est contenu dans des dizaines de réservoir sous pression. Ils font chacun la taille d’un bus. L’ensemble de ce processus dure autour de 10 heures et, à son issue, la batterie est dite « chargée ».

Le système fonctionne en circuit fermé. Il faut d’abord « charger » la batterie à CO2 en comprimant le gaz. Et sa « décharge » ou détente permet de faire tourner la turbine génératrice avant d’être stocké à nouveau sous forme gazeuse et de refaire un cycle. © Energy Dome

Du CO2 qui reste en circuit fermé

Comment ce CO2 produit-t-il de l’électricité ? Un peu comme un ballon que l’on dégonfle, le CO2 liquide sous pression est vaporisé et chauffé. Il vient faire tourner une turbine qui entraîne un générateur d’électricité. Ensuite, le gaz ne s’échappe pas dans l’atmosphère, il repart dans l’immense réservoir pour subir à nouveau l’opération de rechargement sous forme liquide. L’idée est géniale et ce dôme empli de dioxyde de carbone peut être installé partout sur la planète contrairement à d’autres systèmes. Il n’y a effectivement pas besoin d’une géologie particulière. Un grand champ plat est suffisant. À condition toutefois de disposer de suffisamment de terrain, puisque l’installation est gigantesque. En tout cas, le procédé a beaucoup plu aux responsables chargés de la stratégie énergétique chez Google. Combiné à des sources d’énergies renouvelables, il permettrait de les compenser lorsqu’elles ne peuvent pas produire d’énergie.

Le risque : un gros nuage de CO2 dans l’air

Restent quelques questions sécuritaires. Si cette batterie au CO2 semble pertinente, que se passe-t-il si son enveloppe se perce. La société italienne explique que la structure peut encaisser des coups de vent allants jusqu’à 160 km/h. Et si une menace quelconque est attendue, il est possible de comprimer l’ensemble du CO2 et de le stocker dans des réservoirs puis de dégonfler le dôme. Mais si vraiment l’enveloppe se déchire, alors ce sont 2 000 tonnes de CO2 qui vont s’ajouter aux autres émissions néfastes dans l’atmosphère. C’est certes négligeable par rapport aux centrales électriques à charbon, mais pas idéal.

Ce risque n’a pas refroidi Google qui souhaite installer cet équipement dans des régions où le réseau électrique est déjà fiable et dispose d’un surplus d’énergie renouvelable à stocker. Les centres de données situés à proximité pourront ensuite se connecter à cette batterie particulière. Exploiter le CO2 pour produire de l’énergie n’est pas un concept inédit. Futura avait déjà évoqué les générateurs électriques à CO2 mis en place en Chine par la China national Nuclear Corporation. Le principe est exactement le même, le grand dôme qui fait office de réservoir à CO2 en moins.

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