À chacun ses priorités ! Entre ses annonces tonitruantes, souvent contradictoires et pour le moins déroutantes, Donald Trump souhaite disposer d’un nouvel AirAir Force One le plus rapidement possible pour ses déplacements. L’avion présidentiel actuel est un ou plutôt deux Boeing 747-200 (VC-25A) datant des années 1990. Ils devaient être remplacés en 2024, car le coût de maintenance des deux aéronefsaéronefs vieillissants pèse désormais lourd. Mais Boeing qui est chargé du programme a annoncé que l’avion ne pourrait pas être livré avant 2035. La raison de cet énorme retard ? L’avionneur a payé cher les conséquences de ses carencescarences en matièrematière de qualité de production et sa situation économique reste peu brillante. Les incertitudes sur les droits de douane n’arrangent rien.
Pour presser le pas, Elon MuskElon Musk a pris en main le dossier auprès de Boeing pour le pousser à livrer les avions au plus tôt. Mais cela ne suffit pas à Donald Trump qui est pressé d’ajouter un nouvel Air Force One à la flotte. Le président américain a souhaité accélérer le mouvementmouvement pour une livraison dès cet automneautomne ! Et Trump a déjà trouvé un nouvel avion et c’est le Boeing 747-8 Jumbo de la famille royale qatarie. Il date de 2012 et il est évalué à 400 millions de dollars. Pour le président américain, c’est une très bonne affaire puisqu’il ne coûte rien à l’achat.
La famille royale souhaite l’offrir à Donald Trump en personne. Mais comme il s’agira de le transformer en Air Force One, il devra être cédé dans un premier temps à l’US Air Force qui gère la flotte présidentielle. Ensuite, à l’issue de son mandat, le président pourrait le récupérer via sa fondation. De son côté, Trump n’y voit pas de souci, puisqu’il s’agit d’un don qui permet de réaliser de grosses économies et qu’il n’y a pas de contrepartie américaine.
La flotte présidentielle principale est composée de deux B747-200, le nouvel exemplaire offert par le Qatar s’y ajouterait en cas de problèmes avec les aéronefs existants. En réalité, des avions de secours existent déjà. Il s’agit de Boeing C-32 (B757), moins imposants. © Mathieu Marquer
La marche forcée selon Trump
Du côté éthique et légal, cela pose quand même de gros problèmes de conflits d’intérêt. Mais surtout, celui qui deviendra le VC-25B ne sera que transitoire étant donné le temps record qu’il faut pour le modifier. Car ce qui fait que l’Air Force One n’est pas un avion comme les autres, outre son aménagement présidentiel, c’est qu’il est à la fois un bunker volant bardé d’un arsenal de défense militaire en cas d’attaque (leurres, brouilleur radar, contre-mesures électroniques), d’installations médicales, mais aussi d’un poste de commandement infaillible avec des systèmes de communication puissants et invulnérables. Au final, chez Boeing, un tel programme coûte au-delà de 4,9 milliards de dollars ! Parmi les difficultés, il y a la problématique liée aux systèmes et aux structures de câblage complexes de l’avion. Il faut notamment découper des trappes dans les sections inférieures de l’appareil, tout en conservant les certifications de l’appareil.
Alors, comment adapter un tel avion en quelques mois ? En créant un ersatz d’Air Force One. En attendant de disposer des deux nouveaux avions de Boeing, l’administration Trump a déjà pris les devants et demandé à L3Harris, un sous-traitant de Boeing sur ce projet, de mener tout seul la transformation du B747. La société est reconnue pour ses systèmes de communication et ses capacités en avionique militaire. Un tel contrat présente une aubaine pour un sous-traitant de Boeing dans un domaine de niche. Dans le pire des cas, même si le contrat avec Boeing est maintenu, il pourra sans difficulté absorber plus de marchés militaires.
Contrairement aux montants astronomiques de Boeing, le contrat serait de 24,3 millions de dollars. Pas question pour ce prix-là de disposer de l’équipement de pointe des deux B747 actuels. Ce modèle se concentrera sur l’essentiel avec un avion bien moins sécurisé. L’adaptation porteporte notamment sur l’installation de systèmes de communication par satellite haute capacité répondant aux normes des avions présidentiels. Pour ce prix, pas de miracle, l’appareil ne disposera pas des caractéristiques de sécurité avancées des modèles aménagés par Boeing. En revanche, il répond parfaitement aux besoins immédiats et pressants de Donald Trump et il sera certainement suffisant pour qu’il se rende le week-end à Mar-a-Lago, en Floride. Dans tous les cas, cette histoire montre que la nature a horreur du vide et que les erreurs du maître d’œuvremaître d’œuvre qu’est Boeing, font les ambitions de sous-traitants comme L3Harris.