Attaque massive des installations nucléaires d’Iran : qu’est-ce qu’Israël a ciblé et pourquoi tout n’a pas été détruit

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Israël a mené une campagne de frappes aussi radicale que déstabilisante pour l’Iran. Des personnalités clés du régime ont été tuées, des scientifiques spécialisés dans le nucléaire également et des cibles stratégiques, dont des installations nucléaires, ont été détruites. L’objectif d’Israël consistait à la fois à entraver le développement potentiel d’ogives nucléaires et à affaiblir le pouvoir en place et l’armée. En tout, ce vendredi 13 juin, 200 avions de combats et sans doute de nombreux agents sur place ont été déployés pour toucher une centaine de sites.

Parmi les cibles, figure le site de Natanz. C’est dans les souterrains de celui-ci que le pays enrichit l’uraniumuranium. La question reste toujours la même. Pour quoi faire ? Pour le programme nucléaire civil du pays ou bien justement pour fabriquer des bombes nucléaires. Téhéran affirme que ce n’est pas le cas, mais le doute subsiste car le pays dispose d’au moins deux de ces installations permettant aussi bien de créer du combustiblecombustible nucléaire à vocation civile que militaire. La principale installation est donc Natanz qui est située à environ 220 kilomètres de Téhéran, au sud-est. Depuis le début de ses activités, elle a été ciblée plusieurs fois par Israël lors d’opérations de sabotage. On se souvient aussi de la célèbre cyberattaque Stuxnet, menée conjointement par Israël et les États-Unis. Pour la protéger, cette installation, qui sert à « enrichir » l’uranium, est souterraine.

Le mineraiminerai provient des carrières du pays et l’opération consiste à augmenter sa capacité énergétique pour qu’il soit plus riche en uranium 235. Cela commence par des traitements chimiques et des passages à haute température pour le transformer en hexafluorure d’uranium (UF6). Vient alors la procédure d’enrichissement à proprement parler. Des centrifugeuses qui ressemblent à des tubes verticaux font tourner à très haute vitessevitesse l’UF6 pour qu’il se transforme en gazgaz. Ce procédé fonctionne un peu comme la distillationdistillation d’alcoolalcool. La concentration de l’uranium 235, normalement limitée à l’origine à 0,7 %, augmente en partie haute de la centrifugeuse pour atteindre jusqu’à 4 %. Ce pourcentage suffit à créer un combustible pour la plupart des centrales nucléairescentrales nucléaires.

Les cascades de centrifugeuses sont la clé des programmes d’enrichissement de l’uranium. Elles peuvent aussi bien créer du combustible nucléaire civil que des armes nucléaires. © Iran Press Agency

Une bombe nucléaire pour bientôt ?

Pour parvenir à ce résultat, les centrifugeuses sont branchées les unes aux autres. Le gaz enrichi est dirigé vers l’étage suivant pour augmenter encore sa concentration. En Iran, dans cette installation de Natanz, il y a quelques milliers de ces centrifugeuses. Le Hic, c’est que ces installations parviendraient à un niveau d’enrichissement de 60 %. Quelque 400 kilos d’uranium disposeraient déjà de cette concentration. Un taux qui est loin de ce qui est nécessaire pour du nucléaire civil, mis à part pour certaines applicationsapplications spécifiques. Mais pour créer une bombe nucléaire, ce taux doit atteindre les 90 %. Et encore faut-il miniaturiser l’engin, le tester, ce qui ne se fait pas en quelques jours, mais plusieurs années. De fait, l’Iran n’en est pas encore là, mais s’en rapproche un peu trop dangereusement pour Israël.

Vers une escalade programmée ?

C’est pour cette raison que, depuis des années, l’enrichissement d’uranium reste le principal point de frictionfriction dans les discussions visant à encadrer le programme nucléaire iranien. C’est aussi pourquoi ce type de site a été frappé.

Après cette attaque, est-ce que le programme nucléaire potentiellement militaire de Téhéran est mis à mal ? Pas forcément, car les installations de Natanz sont souterraines et les frappes israéliennes n’auraient détruit essentiellement ce qui se trouve en surface et surtout les systèmes de défense anti-aérienne. Israël aurait-il pu anéantir ces installations ? Sans doute. Mais peut être que l’objectif est de ne pas l’avoir fait pour pousser le pays à accélérer le développement d’un programme nucléaire militaire. Une façon d’attirer toutes les foudresfoudres internationales vers Téhéran.

En attendant, l’Iran a promis une riposte redoutable et Israël est en alerte. Une riposte qui a donc peu de chances d’être nucléaire, mais une représaille massive. Le système défensif israélien ne pourra certainement pas intercepter une pluie de missiles balistiques. Le risque, c’est que Téhéran cible sciemment les installations nucléaires israéliennes. La tentation de l’escalade serait alors importante, puisque Tel Aviv dispose d’armes nucléaires.

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