Blackout total : ce qui se passerait vraiment si Internet et l’électricité s’éteignaient d’un coup

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22 décembre, 18 h 43. C’est la coupure géante, le blackout ! Plus d’énergie, la lumière disparait. Dans les commerces, plus personne ne peut payer par carte, les transports s’arrêtent, les feux de circulation également. La population commence à s’inquiéter. Seuls les téléphones mobiles semblent encore fonctionner grâce aux batteries des antennes relais. Au bout de moins d’une vingtaine de minutes, le réseau décline progressivement, puis s’effondre totalement. Sur les réseaux sociaux, c’est le silence. Les notifications s’arrêtent brutalement, et la population ressent un isolement numérique inédit. Ce second effet engendre un début de panique. Combien de temps va durer la situation ? Qu’est-ce qui se passe et comment le savoir d’ailleurs ? Les services d’urgence ne reçoivent plus d’appels. Il n’y aucune information officielle émise car les infrastructures de communication des pouvoirs publics sont également touchées.

La panne dure dans le temps. Les avions sont cloués au sol, les transports paralysés. Dans certains quartiers, la coupure d’électricité provoque un rationnement de l’eau, car les stations de pompage ne fonctionnent plus. Au fil des heures, les effets se font sentir plus crûment : la chaîne du froid est rompue, les aliments commencent à périr, et l’approvisionnement en carburant est interrompu faute de pompes fonctionnelles. Les radiateurs électriques sont désormais froids.

Aucune communication n’est possible, les premiers pillages de supermarché ont lieu et les forces de l’ordre coupées de leur commandement ont du mal à reprendre en main les débordements. Dans les hôpitaux, la situation devient critique. Il n’y a plus aucun accès aux dossiers numériques des patients. Les groupes électrogènes sont utilisés prioritairement pour les services vitaux.

Voici la notice d’information du gouvernement en cas de situation d’urgence. © Info.gouv

L’énergie du désespoir

Ce scénario catastrophe pourrait bien arriver et c’est d’ailleurs ce qu’a pu connaître l’Espagne et dans une moindre mesure le Portugal au début de l’année avec un gros blackout électrique. Dans tous les cas, sans énergie, plus d’Internet, plus de réseaux de communication, plus de GPS et de navigation. C’est la panique générale. Seuls les postes radio classiques peuvent recevoir des informations, encore faut-il que les émetteurs soient encore alimentés.

Qu’on le veuille ou non, nous sommes ultra-dépendants d’Internet. Tout passe par le réseau des réseaux et, pire que les actions de hackers – si ce n’est pas eux qui la déclenchent -, une grosse panne de courant peut paralyser et rendre vulnérable un pays entier. Priver une nation d’énergie, c’est d’ailleurs ce que fait la Russie régulièrement en bombardant les centres de distribution et de production électrique des villes en Ukraine. Une façon efficace de pousser à la reddition par usure.

Mais, les gouvernements ont-ils pour autant élaboré un plan solide en cas de panne de courant massive prolongée et donc d’Internet ? Apparemment pas vraiment…

Alors, quelles pourraient être les solutions pour continuer à communiquer et informer les populations en cas de vrai blackout ? Le vieux poste radio à piles est déjà une première piste. L’utilisation de matériel désuet et pourtant résiliant en est une autre. C’est le cas des vieilles radio CiBi, des modèles UHF/VHF et pourquoi pas des talkies-walkies. Une autre solution pourrait reposer sur la création d’un maillage de connexions entre smartphones, avec toutefois des limites de portée liées au Bluetooth ou au Wi-Fi. Là encore, il faudrait que la population soit sensibilisée sur le sujet pour pouvoir mettre en place d’elle-même ce réseau. Et il serait fatalement limité géographiquement.

Et puis, la question de l’énergie se pose toujours, puisqu’au bout d’un moment, les groupes électrogènes ou les batteries ne pourront pas alimenter une multitude d’appareils individuels. C’est du côté des hackers qu’il faut se tourner pour trouver des pistes.

Meshtastic, c’est fantastique

Le Graal de la résilience pour eux, c’est la mise en place de nœuds LoRa Meshtastic. Qu’est-ce que c’est ? L’acronyme LoRa signifie Longue portée en français. Il s’agit d’un protocole de communication par ondes radio à très basse consommation. Il permet de créer des réseaux parallèles dont les transmissions peuvent être chiffrées. Le réseau est constitué de tout petits appareils électroniques, très peu énergivores, dotés d’une antenne radio dont la portée peut être étendue à plus de 200 kilomètres si le terrain est dégagé. Chaque module constitue un nœud qui permet d’y connecter des smartphones, des tablettes ou des ordinateurs via Wi-Fi, Bluetooth, ou directement en USB.

Voici à quoi ressemble schématiquement un réseau LoRa Meshtastic. © Meshtastic

Le module peut aussi être directement équipé d’un écran et d’un clavier, ou de rien du tout pour servir de simple relais. Ces nœuds sont placés géographiquement sur des points hauts ou des endroits adaptés pour augmenter la portée des transmissions entre deux relais.

Ils consomment tellement peu d’énergie, qu’ils peuvent être alimentés par une seule pile-batterie dont la capacité est maintenue grâce à un tout petit panneau photovoltaïque. Autres avantages, il n’y pas besoin de routeur et d’opérateur, et les modules sont vendus quelques dizaines d’euros. En bonus, tout est légal. Enfin, même si la liaison entre deux relais est perdue temporairement, les messages transmis ne se perdent pas. Il reste en attente jusqu’à ce qu’elle soit rétablie.

Voici des modules Meshtastic prêts à l’emploi. Ce sont eux qui vont s’interconnecter pour créer un réseau Internet résilient. © TerraNode 

Alors, avec ce système pas question de haut débit, de visionnage de vidéos et autres contenus. Le réseau servirait essentiellement à établir des communications de base par messages. C’est en quelque sorte le retour des SMS.

Outre l’existence de ce matériel, ce type de réseau est déjà actif. Ce protocole LoRa est exploité par la communauté open source Meshtastic. Ce groupe informel qui monte ces réseaux explique quels appareils peuvent être utilisés, comment créer le maillage et il fournit les programmes qui permettent de gérer les transmissions.

Il existe même en France, une communauté qui porte le nom de Gaulix. Elle cherche également à développer ce réseau résilient au niveau national. Le site de cette communauté explique de façon vulgarisée comment choisir un module Meshtastic et le configurer pour intégrer le maillage de ce réseau résilient.

Si cette solution existe, elle ne provient donc pas forcément du pouvoir en place. En cas de catastrophe, c’est donc l’initiative de particuliers qui permettrait de continuer à communiquer sans le réseau électrique. Et cela fonctionne déjà ! 

 

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