Toutes les marines du monde en sont conscientes : un seul missile hypersonique peut envoyer par le fond un porteporte-avion et son équipage composé de milliers d’individus. Ce type de missilemissile est pratiquement impossible à intercepter, car il combine une vélocitévélocité supérieure à Mach 5,5 à des capacités de manœuvre qui empêchent un système de défense aérienne de prévoir sa trajectoire et de le détruire.
Face à cette menace, les armées du monde entier se tournent vers de nouvelles technologies de défense. Il y a les canons laserlaser, dont Futura relate très régulièrement les avancées. Il existe aussi les armes à énergieénergie dirigée, mais elles se destinent plutôt à la lutte antidrone. Et enfin, il y a les railguns : des canons électromagnétiques qui tirent des projectiles métalliques à une vitesse hypersonique.
Le Japon est l’un des plus avancés dans le domaine avec un canon électromagnétique développé par l’Acquisition, Technology Logistics Agency (Atla). Ce n’est pas la première fois que Futura évoque ce canon. Il a déjà été testé en mer sur un navire, il y a près de deux ans. Aujourd’hui, des images du modèle finalisé viennent d’être publiées par le commandement de la flotte d’autodéfense japonaise. Le canon, entièrement caréné, se trouve à bord du JS Asuka, un navire d’essai de la marine nippone. Ce bateau expérimental a pour but de réduire au minimum le personnel embarqué grâce à des systèmes automatisés. L’objectif consiste à gagner de précieuses secondes en cas de combat.
Essais en mer sur un navire en mouvement du prototype du railgun. © Atla
Haute vélocité versus grosses contraintes
Hormis ces quelques photos où, l’on ne peut désormais voir que la « bouche » du canon, secret militaire oblige, aucun nouveau détail n’a été dévoilé sur ses caractéristiques. Ce que l’on sait, c’est qu’il est capable de tirer des projectiles de 40 mm pesant 320 grammes à la vitesse de Mach 6,5. Sa puissance serait de 5 mégajoules, soit 1,4 kWh. L’Atla prévoit d’augmenter cette puissance à 20 mégajoules prochainement.
Les projectiles seraient composés d’un alliagealliage de tungstènetungstène et seraient de surcroît « intelligents » pour pouvoir changer de trajectoire en temps réel afin d’abattre ces missiles hypersoniques manœuvrants. Difficile de confirmer si c’est vraiment le cas, car l’électronique embarquée doit pouvoir supporter l’accélération fulgurante du projectile sur son rail. Et elle serait de 30 000 G.
On sait également que la puissance de tir est modulable selon l’éloignement de la cible pour limiter l’usure du système. Le canon est également conçu pour tirer en rafales afin de maximiser les chances d’atteindre sa cible. Ce canon électromagnétique est loin d’être une nouvelle invention. Le concept date d’ailleurs des années 1920, mais il reste difficile à maîtriser technologiquement.
Si le Japon est en avance, l’Europe planche elle aussi sur un railgun, dont Futura avait pu découvrir le mini-démonstrateurdémonstrateur Thema (TecHnology for Electro-Magnetic Artillery), lors du dernier salon Euronaval. À l’horizon 2028, un démonstrateur grandeur nature devrait tirer ses premiers projectiles à une vitesse de 7 200 km/h, avec pour objectif une vélocité de 14 400 km/h. Toutefois, si la technologie est séduisante, elle présente aussi d’importantes contraintes. C’est le cas de l’alimentation massive en énergie du canon ou de l’évacuation de la chaleurchaleur générée par les tirs. L’usure du système de rail, étant donné les contraintes qu’il subi pour chaque tir, est également un gros souci qui reste difficile à régler, même si des astuces techniques existent. Pour le moment, le railgun japonais reste au stade expérimental. Le pays n’a pas indiqué quand il pourrait être réellement opérationnel.