L’Ukraine ne cesse de démontrer l’importance des drones au combat et la Chine a montré au monde ses fleurons, le mois dernier. Alors, les armées et notamment les Américains tentent de s’adapter et les industriels multiplient les projets d’engins de combat autonomes. Ainsi, Lockheed Martin vient de mettre en avant son Vectis, un drone onéreux et de haute qualité, allant à contre-courant de la tendance actuelle des appareils considérés low-cost, tels les YFQ-42A et YFQ-44A d’Anduril et de General Atomics que l’US Air Force a retenus.
Parmi les concurrents sur les starting-blocks, il y a Shield AI. La société cherche également à se placer avec son drone X-BAT. L’engin a été dévoilé hier, à Washington DC devant un parterre de militaires, d’élus et de partenaires industriels.
Tout comme les autres drones déjà cités, le X-BAT est de type « loyal wingman ». Il est conçu pour voler en coordination avec un avion de chasse, le précédant pour mener des missions de renseignement, voire de combat. Positionné en première ligne, il peut encaisser les premiers tirs ennemis ou frapper en premier, sans mettre en péril l’avion et son pilote.
Le X-BAT décolle à la verticale. Rendu à son altitude destinée à la croisière, il semble faire l’équivalent d’un décrochage, avec une abattée, suivie d’une reprise d’assiette avant de réaliser son vol à plat. © Shield AI
Un VTOL taillé pour le combat
Contrairement à d’autres modèles qui « jouent » dans la même cour, le X-BAT est un VTOL. C’est-à-dire qu’il est capable d’atterrir et de décoller à la verticale. Sa voilure fixe, en fait également un drone endurant. Son rayon d’action serait de 3 704 kilomètres, avec un plafond de croisière maximal de près de 16 000 mètres.
D’après son constructeur, il est capable de voler dans des zones contestées, sujettes à des brouillages de communications et à d’autres mesures de guerre électronique. Sa capacité VTOL en fait un bon candidat pour les théâtres indo-pacifiques. Il pourrait ainsi décoller d’une petite île dénuée de piste ou bien du pont d’un navire.
Avec sa voilure mixte et une géométrie qui rappelle un peu celle du B-21, le X-BAT n’est pas très grand. Il mesure 12 mètres d’envergure avec un fuselage long de 8 mètres. Ses lignes, son radôme plat (le nez), la géométrie des ailes et l’absence d’empennage vertical brossent le portrait d’un aéronef furtif.
Pour renforcer cette furtivité, le X-BAT ne porte pas ses armes à l’extérieur, mais dans une soute. L’appareil peut néanmoins être équipé de points d’encrage si la furtivité est jugée moins importante que les capacités létales du drone.
Pour ce qui est du type d’armes embarquées, cette image d’illustration montre tout l’arsenal de petites munitions, ou de bombes planantes, que le drone peut emporter, sans plus de précision. © Shield AI
Un moteur de F-16 ?
Le X-BAT est du genre véloce. Il est décrit comme équipé de l’équivalent d’un moteur de F-16. Il pourrait atteindre Mach 1,2 – ce qui est rare pour un drone de ce type. Enfin, sa capacité VTOL lui assure une bonne survivabilité au sol et l’exempte des contraintes du ravitaillement, puisqu’il peut être propulsé à partir d’un navire.
Pour ce qui est du cahier des charges de l’US Air Force, ce drone pourrait se catégoriser avec les drones du groupe 5. Ce dernier concerne les engins dont la masse peut dépasser les 600 kilos. C’est le cas de la plupart des drones de type « loyal wingman » non destinés à être sacrifiés. Ce qui caractérise le X-BAT, c’est également son « cerveau ». Shield AI a mis au point un logiciel baptisé AI Hivemind. Il permet à l’appareil d’effectuer des manœuvres tactiques complexes et de se coordonner avec des chasseurs pilotés.
Cette IA sert également à collaborer de manière autonome avec d’autres drones, même lorsque les communications radio et le GPS ne sont pas disponibles. L’engin peut aussi évoluer tout seul de façon parfaitement autonome.
Lors de sa présentation, Shield AI a indiqué que le X-BAT est en développement depuis 18 mois et que son premier vol VTOL est prévu pour la fin de cette année. La firme ambitionne un déploiement à l’horizon 2028.
Est-ce que les militaires américains seront sensibles aux atouts de ce loyal wingman à la fois furtif, endurant, rapide et VTOL ? Difficile à savoir. On ne connaît pas son tarif et cela pèse énormément dans la balance lorsque l’armée mise sur la masse et le low-cost.
Reste que l’appareil, tout comme le Vectis de Lockheed Martin, fait partie des drones haut de gamme non destinés à être sacrifiés et dont les industriels cherchent à faire la promotion auprès de l’US Air Force en ce moment.