Duel de ministres au Forum international de la cybersécurité, à Lille. Mardi, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dont les maisons se détestent presque par tradition, ont présenté des visions différentes de la cybersécurité, à quelques heures d’intervalle. Avec toutefois un point commun : un amour marqué pour les nouveaux outils de contrôle du réseau, qui doivent donner à l’exécutif plus d’emprise sur Internet, au détriment du pouvoir judiciaire.

Durant la matinée, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, a prononcé un discours très va-t-en-guerre, avec un vocabulaire tout droit venu du XXe siècle. “Le réseau mondial est aussi celui où se rencontrent, se fédèrent, se préparent, souvent dans l’obscurité, les pires intentions”, a-t-il notamment expliqué. “Internet ne doit pas être une zone de non-droit”, a-t-il ajouté, en prenant soin de citer des statistiques inquiétantes sur des “menaces toujours plus diverses”. “Un grand cru 1995”, se lamente un expert du privé, dépité par un discours visiblement écrit à la va-vite.

Dieudonné : l’obsession

Certes, les menaces évoluent et tirent parti des faiblesses du système, mais c’est vrai sur Internet comme ailleurs : pas de quoi stigmatiser le réseau, comme s’il était responsable des actes malveillants. Il est dangereux de feindre d’oublier que l’humain contrôle la machine, pour le meilleur comme pour le pire, car l’on en vient vite à vouloir menotter Internet en lieu et place du malfrat.

D’ailleurs, Manuel Valls a insisté sur la nécessité de “la lutte contre les messages antisémites et racistes sur Internet” : c’était même écrit en gras sur ses notes. On pense forcément à l’affaire Dieudonné, qui a (…)

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