L’intelligence artificielle transforme radicalement notre monde numérique, s’intégrant dans nos recherches, nos outils quotidiens et nos services en ligne. Mais derrière cette révolution technologique se cache une réalité peu médiatisée : une consommation électrique colossale dont l’ampleur réelle reste délibérément obscurcie par les entreprises qui en tirent profit. Cette opacité soulève des questions cruciales sur la durabilitédurabilité et l’équité de cette transformation numérique qui prend forme sous nos yeuxyeux.
La face cachée de l’empreinte carbone de l’IA
La demande énergétique des systèmes d’IA représente une rupture majeure avec les tendances précédentes. Entre 2005 et 2017, malgré l’explosion des services cloud, la consommation électrique des centres de donnéescentres de données était restée stable grâce aux avancées en efficacité énergétique. Tout a basculé en 2017 avec l’avènement de l’IA.
L’infrastructure nécessaire aux modèles d’IA requiert un matériel spécifique extrêmement énergivore. Résultat : la consommation électrique des data centers a doublé entre 2017 et 2023. Plus inquiétant encore, l’intensité carbonecarbone de cette électricité dépasse de 48 % la moyenne nationale américaine.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le développement du modèle GPT-4GPT-4 d’OpenAI aurait nécessité plus de 50 gigawatts-heures d’énergieénergie : l’équivalent de trois jours d’alimentation électrique pour toute la ville de San Francisco. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.
La consommation électrique des data centers a doublé entre 2017 et 2023. Opérateurs et géants technologiques restent étrangement silencieux sur ces données. © mesh cube, iStock
L’inférence : le véritable gouffre énergétique
Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas l’entraînement initial des modèles qui constitue la principale dépense énergétique de l’IA, mais bien leur utilisation quotidienne par les utilisateurs, un processus appelé « inférence ».
Cette réalité change radicalement notre compréhension de l’impact environnemental de l’IA. Chaque requête individuelle peut sembler anodine, mais multipliée par des milliards d’utilisateurs quotidiens, l’empreinte devient colossale. Et pourtant, les entreprises technologiques restent étrangement silencieuses sur ces données cruciales.
La course effrénée aux infrastructures gigantesques
Face à cette explosion de la demande énergétique, les géants technologiques déploient des stratégies d’une ampleur sans précédent :
- Meta et MicrosoftMicrosoft travaillent à l’activation de nouvelles centrales nucléairescentrales nucléaires.
- OpenAI a lancé l’initiative Stargate avec un budget de 500 milliards de dollars.
- AppleApple prévoit d’investir 500 milliards de dollars dans la fabrication et les centres de données.
- GoogleGoogle compte dépenser 75 milliards de dollars pour l’infrastructure IA en 2025.
L’initiative Stargate ambitionne de construire jusqu’à 10 centres de données dont chacun pourrait nécessiter cinq gigawatts, dépassant la demande énergétique totale de l’État du New Hampshire. Ces projets pharaoniques risquent de transformer radicalement nos réseaux électriques, sans que les citoyens n’aient leur mot à dire.
Selon les projections du Lawrence Berkeley National Laboratory, d’ici 2028, plus de la moitié de l’électricité consommée par les centres de données sera dédiée à l’IA. À ce stade, l’IA seule pourrait consommer autant d’électricité que 22 % de tous les foyers américains.
Un avenir énergétique préoccupant
Les experts prédisent que les centres de données continueront à s’orienter vers des sources d’énergie plus polluantes, comme le gazgaz, pour répondre aux besoins immédiats. Cette tendance laissera des nuagesnuages d’émissionsémissions dans son sillage, compromettant les objectifs climatiques mondiaux.
Plus inquiétant encore, les accords conclus entre les compagnies d’électricité et les opérateurs de centres de données risquent de transférer le coût de la révolution de l’IA aux consommateurs ordinaires, sous forme de factures d’électricité plus élevées.
Cette situation soulève des questions fondamentales sur l’équité et la durabilité d’une technologie dont l’utilité reste à prouver dans de nombreux domaines. Face à cette réalité, les scientifiques, les installations de recherche financées par le gouvernement et les activistes appellent à davantage de transparencetransparence sur l’impact environnemental réel de l’IA. L’avenir énergétique de notre société ne devrait pas se décider dans l’ombre.