« Aujourd’hui, l’humanité fait face au choix entre paix ou guerre », a déclaré le président chinois Xi Jinping sur la place Tiananmen à Pékin durant la célébration du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Asie.
Teinté de démonstrations diplomatiques et stratégiques envers l’Occident et surtout les États-Unis, avec la présence du président russe Vladimir Poutine et du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, l’événement a été la vitrine du saut technologique que connaît la Chine avec ses capacités militaires. Alors, guerre ou paix ? En attendant, force est de constater que l’arsenal dévoilé était effectivement inédit lors du défilé du 3 septembre.
Futura avait évoqué les nouveautés susceptibles d’y être dévoilées. C’est le cas de certains drones et d’un mystérieux système anti-drones, mais les nombreux nouveaux engins qui ont défilé ont dépassé ce que les images préalablement diffusées lors des entraînements laissaient entrevoir. À l’image d’un salon de l’auto, les bâches ont été retirées pour lever le voile sur les fleurons high-tech de l’armée chinoise.
Il apparaît désormais clairement que l’armée chinoise n’en est plus au point de rattraper son retard ou de copier les conceptions d’équipements militaires étrangers. Elle sait innover et produire massivement. Du moins, c’est ce qu’elle cherche à montrer avec ce déballage d’armements de pointe.
Le DF-5C disposerait d’une portée de 20 000 kilomètres tout en étant hypervéloce. Mirvé, il enfermerait de plus de 10 ogives nucléaires de 3 à 4 mégatonnes chacune. © CCTV
Un déballage nucléaire très dissuasif !
Pour affirmer la puissance de son nouvel armement nucléaire et de sa dissuasion, le pouvoir a mis le paquet. Toute la gamme de missiles balistiques à capacité nucléaire a été dévoilée. Parmi eux, il y avait le DF-5C. Un missile que la chine affirme « capable de frapper n’importe où dans le monde à tout moment ». Une phrase d’intimidation qui ressemble à celle de Vladimir Poutine lors des premiers essais du missile intercontinental SatanSatan 2, dont les échecs successifs depuis ont altéré ses prétentions belliqueuses.
Le DF-5C est une catégorie à part dont le terrain de jeu est l’espace, en raison de sa portée de 20 000 kilomètres. Il enferme jusqu’à 12 ogives nucléaires de 3 à 4 mégatonnes chacune (200 fois de la bombe d’Hiroshima) pouvant chacune cibler une zone différente. Le missile est hypervéloce et cette vitessevitesse associée à des contre-mesures le rendrait quasiment impossible à intercepter.
Comme autre missile nucléaire intercontinental plus classique, il y avait le nouveau DF-61. C’est sa première apparition publique et il était porté par un tracteur à huit roues. Sa tête mirvée pourrait accueillir jusqu’à 10 ogives nucléaires et serait capable d’atteindre une cible située à plus de 12 000 kilomètres.
Du côté des drones, Futura avait déjà identifié l’AJX-002, un long drone sous-marinsous-marin qui ressemble à une torpille. Ce drone de combat peut également larguer des mines. Autre drone sous-marin boosté à l’IAIA : l’HSU-100, conçu pour l’attaque et la reconnaissance.
L’IA pour chasser en meute
Dans tous les cas, l’IA embarquéeIA embarquée dans ces drones navals est censée permettre de les faire « chasser » en meute. Drones encore, mais cette fois-ci aériens avec quatre nouveautés.
Deux d’entre eux dotés d’une voilure mixte deltadelta ont attiré l’attention. Dénués de dérives et très certainement furtifs, il s’agit clairement de drones de supériorité aérienne de sixième génération.
Deux autres de type loyal wingman à l’architecture plus classique et ressemblant fortement à ceux des Américains étaient également présents. Ils sont conçus pour voler devant les avions de chasse en éclaireur, afin d’identifier et de neutraliser les menaces éventuelles, et peuvent être armés de missiles. Là encore, ces drones sont tous dopés à l’IA pour voler en meute et répondre immédiatement aux ordres du pilote de l’avion de commandement.
Pour les combats terrestres, toute une variété de drones et robots étaient de la partie. Des petits blindés chenillés porteurs de mitrailleuses ou bien de tubes lance-roquettes. C’est le genre d’engin que l’on voit se développer en Ukraine.
Plus anecdotique, durant ce défilé du 3 septembre, on trouvait aussi les fameux robots-chiens quadripèdes que la Chine aime exhiber. Leur intérêt au combat reste encore à prouver. © CCTV
Des drones et de la lutte antidrone
En plus des drones, la Chine a également montré des systèmes dernier cri censés les neutraliser. En plus d’un système d’armes à énergie dirigée massif, que l’on peut embarquer sur un navire et qui est supposément capable d’abattre un essaim de mini-drones, on a pu également voir des plateformes roulantes portant d’imposants canons laserlaser.
Ces systèmes de défense sont conçus pour abattre à la fois des missiles ou des drones. En combinant ces deux systèmes avec des missiles FK-3000 et des canons anti-aériens, cette chaine pourrait effectivement éliminer ou limiter considérable l’impact d’attaques par saturation.
Les canons laser destinés à la neutralisation des missiles et des drones se sont montrés. © CCTV
« Le piège de Thucydide » ?
Avec ce déballage high-tech très démonstratif, assistons-nous en temps réel à la mise en place du « piège de Thucydide » ? Ce concept repose sur l’analyse de l’historienhistorien grec sur la guerre du Péloponnèse entre une Sparte puissante et une Athènes émergente. Elle a permis de conclure que la guerre risque fort d’éclater lorsqu’une nouvelle puissance devient plus forte qu’une autre bien établie, en l’occurence les États-Unis.
Mais si cette nuée de nouvelles armes de pointe a effectivement de quoi impressionner, personne ne sait quel est l’état réel de préparation au combat de l’armée chinoise. En revanche, ce que l’on sait, c’est que le pays connaît depuis quelques années des problèmes d’organisation et de corruption avec ses hauts cadres militaires.
Il est donc loin d’être certain que cet arsenal, bien que massif et high-tech, puisse être employé de manière pertinente et efficace en opération. Dans tous les cas, personne n’est pressé de le vérifier…