« Elle challengeait Zuckerberg » : portrait de Fidji Simo, une patronne qui n’a peur de rien et a conquis la Silicon Valley

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Française en terre américaine, femme dans un monde d’hommes, arrivée d’école de commerce dans un universunivers d’ingénieurs, celle qui dirige actuellement la plateforme de livraison de courses Instacart se joue de tous les stéréotypes.

« Je trouve ça toujours très impressionnant de voir des gens qui ne sont pas dans leur habitat naturel arriver tout en haut, dans le top 0,01% de la pyramide de la tech aux Etats-Unis », observe Julien Codorniou, qui a cotoyé Fidji Simo lorsqu’il était vice-président de FacebookFacebook. Aujourd’hui associé au sein du fonds 20VC, le Français ajoute : « Cette ascension s’explique parce que Fidji Simo a cette capacité intellectuelle et aussi celle à connecter avec les gens et à faire en sorte que les gens ont envie de la suivre ».

David Marcus, passé par Meta en même temps que Fidji Simo et aujourd’hui patron de la société de paiement en ligne Lightspark se souvient que « chez Facebook, elle revendiquait son côté français dans son stylestyle, sa façon de s’habiller, sa façon d’être ». Pourtant, « la plupart des étrangers qui arrivent dans la Silicon Valley essaient de s’assimiler à la culture locale », continue-t-il.

Fidji Simo explique comment atteindre le sommet de la technologie et rester en tête. © CNBC Television

« Je ne sais pas comment ne pas être moi-même »

Si on lui a conseillé de se fondre dans la massemasse, de porter des sweats à capuche et qu’elle a pris, sans succès, des cours pour perdre son accent français, Fidji Simo expliquait en février à la chaîne CNBC : « Je ne sais pas comment ne pas être moi-même. Soit je consacre toute mon énergieénergie à essayer d’être quelqu’un d’autre, soit je reste moi-même et je mets tout ça dans ce que je crée ».

Issue d’une lignée de pêcheurs et élevée dans le sud de la France à Sète, Fidji Simo est passée par HEC, une grande école de commerce à Paris, avant d’intégrer eBay en 2006, d’abord en France puis en Californie.

Sur CNBC, elle explique : « les gens s’attendent à ce que je leur donne des raisons orientées business pour justifier mon départ aux États-Unis, mais il n’y en a pas. J’ai vu, à travers la télé, le rêve américain, et ça m’a paru incroyablement attirant ».

 « Jamais laissée intimider » 

En 2011, elle intègre ensuite Facebook, où elle gravit les échelons jusqu’en 2014 où on lui confie la vidéo et la monétisation. Il s’agit d’une promotion qu’elle définit aujourd’hui comme une « inflexion » dans sa carrière.

« Elle a une ténacitéténacité, une capacité à exécuter, à aller au fond des choses qui est vraiment exceptionnelle », explique David Marcus. Sur Facebook, une plateforme principalement basée sur le texte et les fils d’actualité, Fidji Simo a réussi le pari de la vidéo, devenu un axe stratégique majeur pour Meta, malgré des réserves et réticences en interne à ce changement. David Marcus décrit alors : « Elle ne s’est jamais laissée intimider. Elle avait une capacité à challengerchallenger Mark (Zuckerberg) et à le pousser, alors que d’autres auraient hésité ».

Fidji Simo, d’un petit village de pêcheur à un poste de direction dans la Silicon Valley. © Bloomberg Originals

Fidji Simo parvient aussi à accélérer la monétisation de l’applicationapplication mobilemobile Facebook, démontrant une capacité observée à nouveau plus tard chez Instacart, une application mobile spécialisée dans la livraison de produits alimentaires qu’elle a rejoint en 2021.

Après dix ans de pertes, la plateforme de livraison de courses enregistre un bénéfice net positif en 2022. Ceci a été permis par une diversification accélérée par Simo, avec la monétisation des données, une extension des partenariats avec la distribution et la montée en puissance de la publicité. Malgré un marché devenu très frileux et un contexte difficile en sortie de pandémiepandémie, elle parvient, en septembre 2023, à faire entrer Instacart en Bourse dans des conditions satisfaisantes. « Je n’aurais jamais imaginé que quelqu’un réussisse un tel retournement », avance Julien Codorniou.

Numéro deux d’OpenAI le 1er août 2025

Fidji Simo se prépare désormais à intégrer OpenAI, l’une des entreprises les plus influentes au monde d’intelligence artificielle. Elle occupera le poste de directrice générale des applications (« CEO of Applications ») ce qui fera d’elle le numéro deux de l’organisation, juste en dessous de Sam Altman, le PDG. Ce dernier pourra donc se concentrer sur la recherche et les infrastructures.

« Pour moi, l’arrivée de Fidji, c’est un peu une déclaration d’ambition d’OpenAI, estime Julien Codorniou. Ça veut dire que l’entreprise veut développer des applications qui seront au cœur de la vie des gens. Ensuite, OpenAI va être créatif sur les monétisations et ça, elle sait faire ».

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