Le président Hollande va aller visiter la Silicon Valley. C’est drôle à quel point cette nouvelle peut fasciner la presse la française. On en parle depuis ce week-end. Enjeux des discussions avec Google, portraits des Français qui réussissent en Californie, leçons à tirer de ce parfum d’innovation et d’audace entrepreneuriale qu’on hume dans la Valley… tout le monde a l’air d’espérer que le Président revienne avec dans ses bagages le secret de la fortune high-tech, qu’il aurait découvert en ces terres libertariennes, où rien ne fait entrave à l’individu plein d’ambitions.
Alors, qu’on peut émettre une toute autre hypothèse : si François Hollande est un tant soit peu perspicace, il risque au contraire de prendre une bonne vieille leçon de marxisme.
Il y a une semaine, Dean Baker, économiste, et co-directeur du très sérieux Center for Economic and Policy Research, publiait dans The Guardian une tribune tout à fait intéressante. Le point de départ de son papier est une affaire en cours d’instruction dans un tribunal californien, affaire qui dévoile selon lui le vrai visage de la Silicon Valley.
Une idée libertarienne du marché ?
Quelle est cette affaire ? Apple, Google, Intel et d’autres géants de l’Internet sont accusés d’avoir passé des accords pour que les salaires de leurs employés n’augmentent pas. Comment ? Eh bien, depuis 2005, ces entreprises auraient renoncé à se faire concurrence sur le marché du travail, tout simplement, ce qui aurait gelé ou presque les salaires des ingénieurs.
Cet accord soupçonné leur vaut aujourd’hui une class action pouvant, si elle aboutit, entraîner le versement de milliards de dollars à leurs salariés. Pour Dean Baker, même si les montants sont gigantesques, le fond de l’affaire n’est pas étonnant, que les plus riches soient prêts à outrepasser les lois et spolier les travailleurs, pour s’enrichir encore, rien de plus normal.
Ce que Dean Baker trouve plus intéressant, et surprenant, c’est la manière dont ces entreprises s’y sont prises. (…)
Une nouvelle page d’accueil de Google qui ne plaît pas à Google« Singularité » : l’idéologie de la Silicon Valley qui valait des milliards