Si sur Terre, avec les conflits majeurs actuels, nous avons parfois l’impression de vivre dans un « monde de brutes », cette tendance se propage à l’espace. Futura relate régulièrement la militarisation de l’espace, avec des engins russes et chinois qui mènent des manœuvres agressives à l’encontre des satellites occidentaux et français. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait des actes hostiles dans l’espace. La France se prépare à cette guerre qui se déroule au-dessus de nos têtes.
Ainsi, à Toulouse, lors de l’inauguration de la première base spatiale militaire française du Commandement de l’espace, la BA 101, Emmanuel Macron a levé le voile sur la nouvelle stratégie spatiale française 2025‑2040. Cette vision sur les 15 prochaines années fait écho à notre nouvelle série d’articles sur la guerre spatiale « made in France ». Le président français a acté la nouvelle doctrine française avec l’accélération des programmes de défense spatiale. Lasers, brouilleurs et satellites de patrouille vont être lancés de façon anticipée pour protéger les constellations françaises contre les incursions ou les sabotages.
Dès 2027, la France mettra sur orbite ses premiers « gardiens » de l’espace : un satellite « Orbit Guard » en orbite géostationnaire et deux autres en orbite basse dans le cadre du programme Toutatis. Ces moyens s’ajouteront au prototype Yoda, déjà prévu pour 2030, ultime témoin d’un virage technologique majeur.
L’exercice AsterX 2025 rassemblait 170 militaires pour former un centre de commandement opérationnel. Pas de fusils d’assaut, de casques ou de gilets pare-balles, mais de grandes tablées bardées d’ordinateurs. Les soldats simulaient différents scénarios de bataille sur toutes les orbites avec 4 000 objets spatiaux. © AAE
À la recherche d’une Europe spatiale souveraine
Cette revanche spatiale ne se veut pas solitaire. Paris plaide pour une Europe spatiale souveraine, affranchie de toute dépendance envers les géants américains. Lors de son discours, le président a ciblé sans l’énoncer Elon Musk avec SpaceX. Macron a également appelé à en finir avec le « retour géographique », cette règle qui disperse la production d’un lanceur entre plusieurs pays européens au détriment de l’efficacité. Son mot d’ordre : consolider les forces, rassembler industriels historiques et jeunes pousses pour bâtir un écosystème cohérent et compétitif. Une intention qui montre que l’espace est un milieu particulier et qu’il nécessite une collaboration poussée des civils et des militaires.
Reste la question des moyens. La France promet de consacrer plus de 16 milliards d’euros d’ici 2030 au spatial. De son côté, l’Allemagne affiche désormais un effort de plus du double. Paris mise donc sur la montée en puissance de sa base industrielle et la coopération européenne, plutôt que sur une course budgétaire.
Pour le moment, au niveau concret, dans la base 101 de Toulouse située à proximité du Cnes, les 11 000 mètres carrés du bâtiment accueillent un peu plus de 300 spécialistes. C’est un début et Futura a déjà pu assister à l’exercice majeur AsterX de ces guerriers de l’espace cette année. C’est le seul du genre en Europe et il rassemblait cette année, des membres des forces spatiales des pays de l’Otan. Avec son discours offensif, le président Macron montre que la France se prépare, non pas pour mener la guerre des étoiles, mais pour s’assurer qu’elle ne se jouera pas sans elle.