Il y a d’abord eu une découverte réalisée complètement par hasard. Celle de plusieurs dizaines de millions de tonnes d’un hydrogène naturel dissous dans les eaux de l’aquifère lorrain.
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Aujourd’hui, chercheurs et industriels travaillent à qualifier, à certifier et à trouver des solutions pour exploiter cette incroyable ressource.
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Ils étudient aussi les meilleures façons de la valoriser. « Sur ce bassin tout particulièrement, les attentes aussi bien des politiques que des industriels sont grandes », nous confie Yann Fouant, directeur de projets à la Française de l’Énergie (FDE). L’entreprise est de l’aventure depuis le début. C’est elle qui a mis des forages à disposition des chercheurs impliqués dans le projet Regalor – pour Ressources gazières de Lorraine. Des forages dans lesquels l’hydrogène naturel a été détecté. Elle porte également le projet Regalor II et le forage du puits de 4 000 mètres dont les scientifiques ont besoin dans ce cadre.
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Et elle a immédiatement compris la valeur qui pourrait en être tirée.
De l’hydrogène naturel pour sauver l’industrie lorraine
Dans la région, l’histoire de l’usine Novasco est dans tous les esprits. L’aciérie est en redressement judiciaire et aucun repreneur sérieux ne se présente. Des centaines d’emplois sont directement menacés. Ce qui a précipité la chute de Novasco : sa facture énergétique. On comprend pourquoi chez les industriels du coin, la promesse d’intégrer de l’hydrogène naturel tiré du sous-sol lorrain est accueillie les bras ouverts.
« Nous cherchons à lister les industriels déjà installés sur le territoire qui pourraient profiter de ce gaz pour assurer leur pérennité, mais aussi à identifier ceux qui pourraient être intéressés par l’idée de s’installer sur une zone industrielle sur laquelle de l’hydrogène naturel serait disponible. Pour développer l’attractivité du territoire et créer indirectement des emplois. »
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Pour nous aider à comprendre, Yann Fouant nous explique. « On a tendance à opposer hydrogène blanc (c’est la couleur que l’on attribue à l’hydrogène naturel) et hydrogène vert (la couleur de l’hydrogène produit à partir d’électricité bas carbone). La réalité, c’est que l’hydrogène vert est produit dans des électrolyseurs avec une grande pureté qui permet de l’utiliser pour alimenter par exemple les piles à combustible embarquées à bord de voitures ou de camions. Notre hydrogène blanc sera sans doute moins pur. Alors l’idée, c’est de le dédier plutôt à des usages industriels. » Et ce que le directeur de projets de la Française de l’Énergie (FDE) espère, c’est de pouvoir proposer cet hydrogène à des prix qui défieront ceux du gaz fossile importé, pour rejoindre les objectifs de la Stratégie nationale de l’hydrogène décarboné (SNH2) et donner un véritable coup de pouce du destin aux secteurs de la verrerie, du ciment ou encore de l’acier, notamment. « Tous ces secteurs qui peinent à décarboner leurs process. »
« Nous avons commencé à échanger avec de potentiels gros consommateurs du bassin lorrain. Certains pourraient consommer directement un gaz composé à 20 % d’hydrogène et 80 % de méthane, comme celui trouvé par Regalor. Cela verdirait instantanément leur activité, remarque Yann Fouant. Notre objectif, c’est d’éviter d’avoir à introduire dans la chaîne des process d’épuration parfois inutiles et en tout cas coûteux. »
Sur cette carte, l’étendue de la ressource énergétique identifiée par la Française de l’Énergie et les chercheurs. Une ressource en gaz de charbon « bas carbone » d’une part et en hydrogène naturel d’autre part. Une énergie qui pourrait aider la région de maintenir son industrie. © Française de l’Énergie
Dans l’attente d’un permis d’exploitation
Ne pas faire chuter la valeur commerciale de cette ressource en hydrogène. C’est en effet une autre des volontés de la Française de l’Énergie. Pour cela, elle va miser aussi sur le circuit court. « Le tracé du pipeline MosaHYc passe à quelques centaines de mètres de nos installations. Ça pourrait être une opportunité pour notre hydrogène naturel. Mais en Lorraine, nous avons de potentiels consommateurs littéralement assis sur la ressource. Une fois que les scientifiques auront développé les solutions pour ramener cet hydrogène en surface, nous positionnerons nos forages de manière à minimiser les distances entre les puits et les industriels consommateurs. »
Le saviez-vous ?
Le projet mosaHYc, c’est celui d’une canalisation de transport d’hydrogène bas carbone entre la France et l’Allemagne. Sa mise en service est prévue pour 2027 et il constituera la première étape d’un projet de réseau de pas moins de 700 kilomètres.
Le tout pourrait avoir lieu avant la fin de cette décennie. Mais pour cela, il faudra aussi qu’un permis d’exploiter soit délivré. « Ce serait une première pour de l’hydrogène naturel en France. Pour ne pas perdre notre avance sur le reste du monde, nous avons déjà commencé à travailler le dossier également avec les industriels, mais aussi avec les territoires, les politiques locaux, les institutionnels et la préfecture. Nous sommes prêts à mener toutes les enquêtes publiques nécessaires et à obtenir toutes les validations environnementales. Mais la lenteur administrative de notre pays, c’est vraiment un gros sujet d’inquiétude pour nous », nous confie Yann Fouant en conclusion.