Le projet de Venus Aerospace : faire voler le Stargazer M4, un avion de ligne croisant à Mach 4 et pouvant culminer à Mach 9 en vitesse de pointe. Pour parvenir à cette vitesse hypersonique, l’avion sera propulsé par un statoréacteur à détonation aérobieaérobie. Et justement, Venus Aerospace vient de franchir une grande étape ces derniers jours en faisant voler pour la première fois depuis le sol son moteur-fuséefusée à détonation rotative VDR2.
Le vol d’essai a été réalisé aux États-Unis au Spaceport America, près du polygone de tir de White Sand, au Nouveau-Mexique. L’engin n’avait rien à voir avec un avion. Il ressemblait plutôt à un missilemissile ou une petite fusée et a été lancé pratiquement à la verticale depuis une rampe. Si Venus Aerospace n’a pas indiqué à quelle vitesse a évolué sa fusée, il est probable que cela soit le tout premier vol mondial réalisé avec une telle technologie de moteur.
Pour le moment, les seuls à avoir revendiqué un essai en vol avec ce type de motorisation sont les Japonais avec leur agence spatiale (Jaxa). Mais les tests ont eu lieu à partir de fusées-sondes envoyées dans l’espace, tandis que le moteur de Venus Aerospace est parti du sol et a pu maintenir son vol à haute vélocitévélocité dans l’atmosphèreatmosphère. Pour bien réaliser en quoi cette technologie est révolutionnaire, il faut comprendre comment ce statoréacteurstatoréacteur à détonation rotative fonctionne et surtout pourquoi il est très compliqué de l’exploiter pour décoller à partir du sol.
C’est en entrée d’air que le moteur à détonation rotative (RDRE) est placé. Il assure la pression nécessaire au fonctionnement du statoréacteur. C’est cette combinaison qui permet de décoller avec le même moteur depuis le sol et d’accéder à une vitesse hypersonique. © Venus Aerospace
Un statoréacteur qui fonctionne dès le décollage
C’est pourquoi habituellement, ce type de motorisation n’est pas active avant une vitesse supersonique et qu’il faut, soit larguer l’engin doté du Ramjet depuis un aéronefaéronef rapide, soit utiliser un moteur-fusée pour parvenir à la bonne vitesse. Impossible donc de décoller du sol avec ce type de réacteur.
Et pourtant, Venus Aerospace y est parvenu en ajoutant un élément qui lui assure la pression d’air nécessaire au démarrage du statoréacteur dès le sol. C’est donc ce moteur dit à détonation rotative RDRE. Contrairement à ce que laisse supposer son nom, il n’y a aucune pièce qui tourne dans le moteur. D’ailleurs, il ne fonctionne avec aucun élément mobile, tout comme le statoréacteur. C’est un simple tube vide dans lequel un autre tube a été placé. Tout ce qui tourne entre ces deux tubes, c’est la détonation. Celle-ci est produite par la combustion du carburant et du comburantcomburant injectés en continu entre les deux cylindres.
Cette détonation provoque une onde supersonique et c’est elle qui tourne autour de l’axe. La pression engendrée crée alors une poussée énorme qui vient alimenter le Ramjet. Au-delà de Mach 3.5, le RDRE s’arrête et seul le statoréacteur réalise la propulsion. C’est ce qui permet d’atteindre une vitesse hypersonique. On estime qu’avec cette combinaison, la consommation est réduite de 20 % par rapport à un moteur conventionnel.
Le remplaçant du Concorde sur les rails
Si c’est la première fois qu’un tel statoréacteur hybridehybride décolle du sol, le RDRE n’est pas une nouveauté. Il a été inventé dans les années 80 et testé sans grandes avancées depuis une quinzaine d’année par les labos de la marine américaine. C’est pourquoi le VDR2 de Venus Aerospace est un véritable exploit technologique. Lors de ce test, Venus Aerospace a pu vérifier le bon fonctionnement du procédé et compte désormais intégrer son VDR2 dès cette année sur un drone démonstrateurdémonstrateur. Alors que le projet de Stargazer M4 semblait invraisemblable, il y a quelques années, il devient un peu plus concret, mais on reste encore loin d’embarquer des passagers à une vitesse de Mach 9 dans le ciel.