Face aux effets délétères des réseaux sociauxréseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes, les gouvernements multiplient les initiatives pour restreindre leur accès aux mineurs. Si le constat est largement partagé par la communauté scientifique, les réponses politiques, elles, varient d’un pays à l’autre. L’interdiction pure et simple d’accès aux plateformes sociales pour les moins de 15-16 ans est désormais sérieusement envisagée dans plusieurs États.
Pas le temps de lire ? Découvrez cette actu au format audio dans notre podcast Vitamine Tech, animé par Adèle Ndjaki. © Futura
D’après de nombreuses études, les réseaux sociaux peuvent avoir un impact néfaste sur le bien-être psychologique des enfants et adolescents. Le temps passé en ligne, souvent sur des plateformes où la modération fait défaut, alimente anxiété, troubles du sommeil, harcèlement et isolement social. Les chercheurs tirent la sonnettesonnette d’alarme : si aucune mesure n’est prise rapidement, ces usages risquent d’entraver durablement le développement des jeunes.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande en tête de file
Le 29 novembre 2024, l’Australie a adopté l’une des législations les plus strictes au monde en matièrematière de sécurité en ligne. Elle interdit désormais aux moins de 16 ans d’ouvrir un compte sur un réseau social. Le texte, bien que général, ne précise pas les plateformes concernées, mais vise clairement les géants du secteur : TikTok, Instagram, Facebook, X (ex-TwitterTwitter)… Inspirée par son voisin australien, la Nouvelle-Zélande a présenté, le 6 mai 2025, une proposition de loi similaire. Le texte prévoit des sanctions pour les plateformes qui ne respecteraient pas la limite d’âge, avec des amendes pouvant atteindre un million d’euros.
La santé mentale des ados boulversée par les réseaux sociaux. © XD avec ChatGPT
En France, une loi votée en juin 2023 établit une « majorité numérique » à 15 ans. Toutefois, le texte n’est pas encore entré en vigueur, en attente de validation par la Commission européenne, qui doit vérifier sa conformité avec le droit communautaire. Aux États-Unis, la régulation se joue au niveau des États. En Floride, une des lois les plus restrictives a été mise en place en janvier 2025 : les moins de 14 ans ne peuvent pas accéder aux réseaux sociaux, et le consentement parental est requis pour les 14-15 ans. En matière de contrôle numérique, la Chine fait figure de précurseur. Dès 2021, le pays a mis en place des restrictions sévères : l’accès aux plateformes en ligne nécessite la présentation d’une pièce d’identité, et l’usage de Douyin, la version chinoise de TikTokTikTok, est limité à 40 minutes par jour pour les moins de 14 ans.
Des lois difficiles à appliquer
Malgré leur volonté d’encadrement, les gouvernements font face à une réalité complexe. L’Australien Anthony Albanese, Premier ministre, reconnaît que certains jeunes chercheront à contourner les interdictions. Le véritable défi repose donc sur les épaules des plateformes : ce sont elles qui devront vérifier l’âge de leurs utilisateurs et faire respecter les restrictions. Les sanctions sont lourdes : jusqu’à 28 millions d’euros d’amende en Australie, 1 million en Nouvelle-Zélande, et en France, jusqu’à 1 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise en cas de non-respect de la réglementation.
Faire appliquer les limitations d’âge. © Brian Jackson, Adobe Stock
Pour faire respecter ces lois, les plateformes devront mettre en œuvre des systèmes de vérification d’identité numériques avancés : scan de documents, reconnaissance de texte par OCR, validation via bases de données fiables, intelligence artificielle… Mais malgré ces dispositifs, il reste très difficile de garantir avec certitude l’identité réelle de l’utilisateur derrière un écran. Et cette complexité se double d’un autre enjeu majeur : la protection de la vie privée. Lier des données d’identité à des usages en ligne peut exposer les utilisateurs, y compris les mineurs, à de nouveaux risques. Toute solution de vérification devra donc strictement respecter les réglementations sur la protection des données, comme le RGPD en Europe.
Voir aussi
Dans cette ville, le portable est interdit pour les enfants
Alors que l’accès des enfants aux réseaux sociaux devient un sujet de préoccupation mondiale, les États avancent chacun à leur rythme, confrontés à des défis technologiques, éthiques et juridiques majeurs. Si l’objectif est clair – protéger les jeunes – les moyens pour y parvenir restent encore largement à construire. Les prochains mois seront déterminants pour définir ce que seront demain les droits des enfants à l’ère numérique, et le rôle que joueront les géants du numérique dans cette mutation.