Combien d’argent faut-il pour créer un modèle d’intelligence artificielle d’avant-garde ? Selon Mustafa Suleyman, le dirigeant de la section IA de Microsoft, il faudra compter plusieurs centaines de milliards de dollars au cours des cinq à dix prochaines années pour rester compétitif sur les modèles de pointe. Les grandes entreprises ne visent pas seulement à dominer le marché de l’IA actuel, mais aussi à être les premières à développer l’intelligence artificielle générale (IAG), celle qui atteindra le niveau d’un humain.

Le premier coût est bien entendu la construction de gigantesques centres de données. Dans un épisode du podcast « Moonshots with Peter Diamandis », l’homme a comparé Microsoft à une entreprise de construction, avec une augmentation de la puissance totale des centres de données de la firme de plusieurs gigawatts par an. Il faut ensuite prendre en compte les coûts en énergie, et les montants payés aux spécialistes qui travaillent sur les IA.

Le risque systémique d’un surinvestissement

Visiblement, pour certaines entreprises, cet argent existe. Mark Zuckerberg avait notamment affirmé en septembre qu’il préfère éventuellement gaspiller plusieurs centaines de milliards de dollars que de risquer de prendre du retard sur la superintelligence. Mustafa Suleyman a souligné que Microsoft est une entreprise qui a dépassé 4 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, avec 300 milliards de dollars de revenus annuels.

Le problème est que pour l’instant, il n’y a suffisamment de retour sur investissement. Les abonnements aux services d’IA sont loin de couvrir les coûts, et les usages réellement rentables restent limités. Les entreprises misent donc sur une logique de long terme, en acceptant des pertes colossales aujourd’hui dans l’espoir de construire une avance technologique décisive demain. À ce niveau d’investissement, seule une poignée d’entreprises peuvent rester dans la compétition. Si l’engouement pour l’IA s’arrête, toute la bulle pourrait éclater, avec des centaines de milliards de dollars partis en fumée, et des centres de données en trop grand nombre. Le risque est de voir une bulle éclater, avec la possibilité d’affecter toute l’économie par effet de ricochet