Il y a porteporte-avions et porte-avions… Et avec le Fujian, autrement appelé Type 003, la Chine vient potentiellement se hisser au niveau des plus imposants navires américains et du Charles-de-Gaulle français. Pourquoi ? Car, outre son tonnage colossal de 80 000 tonnes et de sa longueur de 316 mètres, le Fujian est équipé d’une technologie dont seuls les États-Unis disposent : des catapultes électromagnétiques (EMALS). Or, ce sont les catapultes qui définissent la capacité de projection de puissance d’un porte-avion.
Avant l’arrivée de ce Fujian, il n’y avait que trois porte-avions dotés de catapultes. L’USS Gerald R. Ford est le plus avancé avec une propulsion nucléaire et justement ce système de catapultes EMALS. Il y a aussi l’USS Nimitz, doté également d’une propulsion nucléaire, mais muni de catapultes à vapeur. Enfin, notre Charles-de-Gaulle, plus petit, mais également doté d’un moteur nucléaire est équipé de catapultes à vapeur. Tous les autres porte-avions, que ce soit l’Amiral Kouznetsov russe ou bien le Queen Elizabeth britannique, ne disposent que de rampes, sortes de tremplins.
Tous les portes-avions ne se valent pas
Bilan, ces derniers ne peuvent pas lancer rapidement des avions de combat, lesquels doivent alors être plus légers et moins armés. Ils disposent également d’une autonomie moins importante, ce qui limite la protection des forces à longue distance. De plus, pour de telles missions, les seuls avions de combat ne suffisent pas. Il leur faut l’appui d’avions de surveillance, comme les Awaks. Or, ces appareils sont trop lourds pour pouvoir décoller de ce type de porte-avions. Dès lors, seuls les États-Unis et la France sont donc capables d’effectuer toutes sortes de missions avec leurs navires. Mais avec une catapulte EMALS, la capacité à lancer en un temps record des avions de combat est encore plus rapide.
Cette vidéo en images de synthèse décrit les capacités du porte-avions chinois Fujian et notamment ses catapultes électromagnétiques. © Moshin Insight
Comment ça marche ?
De fabrication 100 % chinoise, la catapulte électromagnétique EMALS (Electromagnetic Aircraft Launch System) utilise un moteur linéaire à induction électromagnétique. Ce moteur génère un champ magnétiquechamp magnétique de part et d’autre d’un rail de catapultage. C’est lui qui met en mouvementmouvement un chariot mobilemobile fixé au train de l’avion. L’avantage de ce procédé, c’est que l’alimentation électrique est ajustée en fonction de la massemasse de l’appareil à lancer. Cela permet de délivrer l’accélération progressive et de façon adaptée à l’engin. De leur côté, les catapultes à vapeur nécessitent un temps de recharge assez important. Dans le cas des EMALS, elles sont à nouveau prêtes en moins d’une minute. Le Fujian dispose de trois catapultes, capables en théorie de faire décoller une trentaine d’avions en moins de quinze minutes dans le but de réaliser une frappe de saturation.
Avec ses capacités et son « long » pont, le Fujian peut faire décoller tous types d’appareils, comme le chasseur J-15B/TT, le futur chasseur furtif J-35/FC-31, les avions de guerre électronique J-15D, les Awacs Xi’an KJ-600. Et il prévoit aussi d’embarquer des drones de combat furtifs Hongdu GJ-11 et des drones MALE, comme le Chengdu Wing Loong II.
Paré pour attaquer Taïwan ?
De fait, le Fujian rejoint les capacités du super porte-avions américain, l’USS Gerald R. Ford. Mais, contrairement aux Américains ou aux Français qui utilisent leurs porte-avions pour des opérations militaires sur toute la planète, l’objectif stratégique de la Chine semble le destiner à des opérations dans les zones qu’elle conteste, comme le détroit de Taïwan et la mer de Chinemer de Chine méridionale. C’est sans doute pour cette raison qu’il n’est pas équipé d’une propulsion nucléaire. Le navire a été développé à une vitessevitesse fulgurante, puisqu’il est entré en service dès 2022 et a été fabriqué intégralement en Chine, sans importer la moindre technologie.
Pour le moment, le Fujian est en phase de test en mer. Des essais de déploiement rapide d’avions J-15 à pleine charge, pour constituer une meute capable de frapper par saturation, ont déjà été menés. Après plus de 100 jours de tests en mer, le porte-avions pourrait bien être mis en service opérationnel dès cette année. Il faudra donc surveiller le moment où il aura atteint pleinement ses capacités. Cette date pourrait bien coïncider avec les intentions de la Chine d’envahir Taïwan.