En réponse à l’attaque destructrice menée par Israël dans la nuit du 12 au 13 juin, l’Iran effectue depuis un peu plus de cinq jours des tirs de missilesmissiles en représailles. En tout, quelque 750 missiles auraient été tirés. La première salve en a compté environ 200, la dernière en comptait seulement 10, signe des difficultés qu’à Téhéran à organiser sa riposte.
Outre des victimes civiles, ces frappes par saturation sont parvenues à atteindre des cibles stratégies en Israël, une centrale électrique a ainsi été touchée, ainsi qu’un centre militaire important, ou encore une raffinerie et des ports. Le dôme de fer est lourdement sollicité, mais la réplique n’a pas été aussi radicale qu’imaginée par Israël. Malgré son efficacité, ce système de défense multicouches, ne peut pas assurer une protection à 100 %. D’abord seules les zones peuplées ou stratégiques sont protégées. Ensuite, il faut plusieurs missiles défensifs Arrow II ou Arrow III coûtant d’un à plusieurs millions de dollars l’unité, pour détruire un missile balistique. Etant donnée leur vélocitévélocité, la fenêtrefenêtre de tir est très courte et lorsqu’il y a une attaque par saturation, certains passent au travers de systèmes de défense.
Comme la consommation de munitions défensives est conséquente, pas sûr que ces dômes multicouches puissent tenir longtemps à ce rythme. C’est une question d’argentargent et cette défense coûte largement plus cher que l’attaque. L’attrition est sans doute aussi l’objectif des Iraniens qui maintiennent la pressionpression avec des salves moins importantes, mais quotidiennes.
Du côté iranien, on estime que le pays disposait autour de 3 000 missiles avant ces ripostes. Son stock a donc été sacrément entamé et la destruction de ses sites de lancement ne lui permet peut être pas de réaliser la réponse massive que le pays souhaite. Mais peut-être que la quantité de missiles disponibles est largement sous-estimée comme ce fut le cas pour l’arsenal russe. Pour ses représailles, Téhéran lance des essentiellement des Khorramshahr qui sont basés sur le missile coréen du Nord Musudan. Ils peuvent atteindre leur cible située à 3 000 kilotonnes. Ils portent jusqu’à une tonne d’explosif disséminédisséminé dans plusieurs têtes pour autant de frappes distinctes. Ce sont ces dernières qui peuvent passer au travers des mailles du filet.
Cette vidéo en live permet d’observer l’intrusion et la neutralisation des attaques iraniennes par les systèmes de défense israéliens.© AP
Des pays-tiers qui ferment les yeux
On notera que l’ensemble des missiles balistiques iraniens franchissent une distance de plus de 1 500 kilomètres et au moins deux pays pour atteindre Israël. On peut alors se demander pourquoi des pays comme la Jordanie ou l’Irak n’interceptent pas ces missiles qui survolent leur territoire. Tout simplement parce qu’ils empruntent une trajectoire parabolique. Ils passent par l’espace extra-atmosphérique avant de redescendre vers leur cible. Cela signifie qu’ils ne survolent pas les pays de la même manière qu’un avion ou un missile de croisière, mais passent plutôt au-dessus de l’atmosphèreatmosphère terrestre. C’est également ce qui limite les possibilités d’interception par les pays-tiers. D’ailleurs, ils ne cherchent même pas à les neutraliser, car ils estiment qu’ils n’impactent pas la sécurité de leur territoire. Ils n’ont peut-être pas non plus les moyens de le faire.
Le Fattah-1 se classe dans la catégorie des missiles balistiques hypersoniques. Manoeuvrable, il est capable d’échapper aux systèmes d’interception. Pour le neutraliser de nombreux missiles défensifs doivent être tirés ce qui a pour effet d’affaiblir le dôme de fer.© DR
Une guerre de missiles
Parmi les autres missiles utilisés par l’Iran, on trouve également le Fattah-1. Il s’agit d’un missile balistique hypersonique, donc rapide et manœuvrable et difficile à intercepter en raison de l’imprévisibilité de ses trajectoires. L’Iran s’est vanté de son invulnérabilité lors des frappes sur Israël. Difficile de savoir si elle en possède beaucoup.
Un autre type de missile, d’une portée moins importante a peut-être été également utilisé. Il s’agit du Qasem Basir, une nouveauté capable de passer outre certaines défenses basées sur des leurres ou du brouillage. Hormis ces missiles et des drones de type Shahed, face aux attaques menées directement par l’armée israélienne sur son territoire, l’Iran semble assez désarmée avec un état-major décimé, des sites militaires stratégiques détruits, ainsi que l’annihilation de ses défenses aériennes. Elle ne peut compter que sur des équipements hétéroclites et souvent obsolètes. Les différents éléments militaires sur le terrains sont apparus totalement décoordonnées, ce qui a facilité la tâche des attaques israéliennes. C’est pour cette raison que l’Iran avait tout misé sur ses capacités offensives à distance avec des missiles et des drones. De fait, avec un ciel dégagé de tout danger, les avions israéliens à capacité furtive, comme le F-35 peuvent évoluer sans contrainte de sécurité au plus près de leurs cibles sur le territoire iranien.
Ces campagnes de frappes réciproques peuvent durer encore longtemps selon les capacités en munitions de chacun. Mais le prétexte initial qui était d’anéantir le développement du programme nucléaire militaire iranien est largement atteint. Dès lors, l’étape suivante semble consister à faire tomber le pouvoir en place. C’est le genre de guerre qui en rappellent d’autres et dont les conséquences n’ont pas été spécialement favorables.