Le gouvernement turc dénonce la “partialité” de Twitter

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par Daren Butler

ISTANBUL (Reuters) – Les services du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, ont justifié samedi le blocage du réseau social Twitter par son caractère “partial” et sa tendance à servir de relais à la “diffamation systématique” du gouvernement.

Un responsable gouvernemental a néanmoins déclaré à Reuters que les discussions entamées vendredi avec l’entreprise américaine, destinées à aplanir le différend, étaient sur la bonne voie.

Les autorités turques ont fermé jeudi soir l’accès au site, quelques heures après le souhait émis par Recep Tayyip Erdogan de l'”éradiquer” durant l’actuelle campagne en vue des élections municipales du 30 mars.

Cette décision a attiré sur Ankara les foudres d’organisations de défense des droits de l’homme et de pays occidentaux, en particulier les Etats-Unis qui ont dénoncé une atteinte à la démocratie et à la liberté d’expression.

Le site était toujours inaccessible samedi et ceux qui tentaient de s’y connecter tombaient invariablement sur une page sur laquelle figuraient des décisions de justice présentant le blocage comme “une mesure de protection”.

Selon un communiqué du cabinet du Premier ministre, la mise en sommeil forcée de Twitter s’explique par son refus de se plier à des centaines de décisions de justice prises depuis le mois de janvier, un refus qualifié de “bravade”.

“Twitter a été utilisé pour répandre une diffamation systématique en faisant circuler des enregistrements acquis par des procédés illégaux, des enregistrements d’écoutes factices et truqués”, écrivent les services de Recep Tayyip Erdogan.

Ces dernières semaines, des utilisateurs de Twitter ont publié quasi quotidiennement des enregistrements présentés comme des conversations téléphoniques du Premier ministre, de membres éminents du gouvernement et de chefs d’entreprise. Si elles sont authentiques, ces discussions portent sur des faits de corruption présumés.

“Nous pensons que ce comportement porte atteinte à l’image de l’entreprise en question et donne de notre pays une image injuste et inexacte”, peut-on lire dans le communiqué du cabinet de Recep Tayyip Erdogan.

A l’appui de la démonstration, le document avance que d’autres pays ont pris des mesures similaires pour des motifs comparables.

Affaibli par les soupçons de corruption qui pèsent sur son gouvernement, Recep Tayyip Erdogan s’estime victime d’un complot fomenté depuis les Etats-Unis par un religieux en exil, Fethullah Gulen, ce que ce dernier dément.

(Simon Carraud pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

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