Le grand trou de mémoire : ce que nous risquons à déléguer toutes nos connaissances à des machines

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En déléguant aux ordinateurs le stockage des informations, de l’Histoire et même de nos compétences et notre savoir, nous pourrions finir par ne plus les maitriser, ni même être capables de nous les réapproprier si nous le voulions.

Atlantico : La prise en charge des différentes tâches, des plus intellectuelles aux plus ordinaires, sont de plus en plus souvent déléguées à des ordinateurs et des logiciels. Quels sont les risques que court la société à déléguer ainsi ses savoir-faire si longuement acquis au fil de notre histoire ? Risquons-nous un jour de ne plus être capables des nous réapproprier ce que nous stockons dans les ordinateurs ?

Michael Dandrieux : La question n’est pas forcément nouvelle. Avant que nous ayons accès à l’imprimerie, l’art de la mémoire était très important, car il permettait à des orateurs de déclarer de grands discours, ou de raconter de longues histoires, c’est à dire de les multiplier en les passant par la parole, et ainsi que d’autres personnes en retiennent des bouts. Puis l’imprimerie nous a permis de stocker de la connaissance afin de n’avoir à porter avec soi que le stricte nécessaire, le reste étant dans les bibliothèques. Comme aujourd’hui au sujet des savoir-faire que nous déléguons aux machines, il y eut quelques peurs que notre mémoire soit déléguée au livre, que nous ne soyons plus en état de conserver les choses correctement, et qu’une partie de la connaissance puisse être perdue. En réalité, après Gutenberg comme après la généralisation des ordinateurs, en ayant déplacé certaines actions vers des outils, des media, des programmes, nous nous sommes aussi rendus disponibles à de nouvelles opportunités. La question est plus souvent de savoir quels gestes de la main, ou quelles opérations de l’esprit, sont encore capables de nous donner l’impression que ce que nous faisons a de la valeur.

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