Le marché pour ces machines pourrait être énorme. Pour le grand public, si elles peuvent apprendre à effectuer les tâches domestiques de manière efficace et sans poser de danger pour les humains qui les côtoient, elles pourraient susciter un véritable intérêt. Ces robots pourront s’adapter à tous les logements et utiliser tout l’équipement déjà présent, sans avoir besoin d’aménagements spéciaux. Ils intéressent également d’autres marchés, comme l’assistance à la personne, et certains travaillent déjà dans des usines.
Les constructeurs chinois n’hésitent pas à publier des démonstrations pour susciter l’engouement et attirer les investisseurs. L’un des leaders, Ubtech, a récemment montré son armée de robots à l’occasion de sa première livraison en masse. Unitree a d’abord étonné avec un modèle à 16 000 dollars, puis un autre à 5 900 dollars. Agibot, quant à lui, vient d’être inscrit au livre Guinness des records avec son modèle A2 qui a marché 106 kilomètres !
Ubtech célèbre la première livraison en masse de son robot humanoïde Walker S2. © Ubtech
Des robots encore loin de tenir leurs promesses
Toutefois, la plupart des usages sont purement théoriques. Pour l’heure, la majorité des modèles ne sont pas vraiment disponibles commercialement, et sont encore loin d’être capables de fonctionner de manière autonome, et ce malgré des investissements colossaux. Et c’est ce qui inquiète la Commission nationale du développement et de la réforme en Chine, selon Bloomberg. Elle constate que le pays compte plus de 150 entreprises qui fabriquent des robots très similaires. L’agence craint une saturation du marché, qui étoufferait les véritables initiatives de recherche et développement.
« Les industries de pointe sont depuis longtemps confrontées au défi de concilier la vitesse de croissance et le risque de bulles spéculatives – un problème auquel est désormais également confronté le secteur des robots humanoïdes », a déclaré Li Chao, porte-parole de l’agence. Cela rappelle une situation similaire en 2017 et 2018, où le nombre d’entreprises avec des vélos en libre-service a explosé, dépassant de loin la demande. Des millions de vélos ont fini dans des décharges à ciel ouvert, un phénomène qui s’est depuis reproduit avec les voitures électriques…
Une décharge de vélos à ciel ouvert, avril 2018, Tongan, Xiamen. © Wu Guoyong
Une bulle spéculative mondiale
La bulle n’est d’ailleurs pas limitée à la Chine. Selon Morgan Stanley et Citigroup, le marché des robots humanoïdes pourrait dépasser 5 000 ou 7 000 milliards de dollars d’ici 2050. Un marché juteux qui attire les convoitises. La firme américaine Figure AI est valorisée à 39 milliards de dollars. Pourtant, après un partenariat avec BMW très médiatisé, il s’avère qu’il n’y a qu’un seul robot qui travaille sur quelques tâches très limitées. Cela montre le niveau de spéculation qui existe, même aux États-Unis.
La Chine s’inquiète d’une bulle spéculative autour des robots humanoïdes. © Ubtech
Et c’est sans parler du robot humanoïde Optimus de Tesla, pour lequel Elon Musk a annoncé la construction d’une première usine pour fabriquer un million d’unités par an, et d’une seconde usine avec une capacité de production de 10 millions d’unités par an. Rappelons que le robot est encore incapable d’effectuer des tâches de manière autonome, que nous n’en connaissons pas encore le prix (Musk vise 20 000 dollars, mais il n’est pas du tout certain que ce soit réaliste), et que nous ne savons même pas s’il existera un marché pour ces robots…
Bref, la bulle spéculative autour des robots humanoïdes pourrait bien éclater avant celle liée à l’intelligence artificielle.