Les États-Unis accélèrent la production de leur nouvelle bombe nucléaire : pourquoi maintenant ?

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Les tensions internationales n’ont rien de rassurant et, pour montrer leurs « muscles », les pays dotés de l’arme nucléaire la modernisent avec grand renfortrenfort de communication. Depuis 2022, la Russie a cherché à intimider l’Occident en le menaçant avec son arme absolue, le Satan 2. La communication sur ce missilemissile lourd expérimental s’est rapidement estompée en raison d’une succession d’échecs.

Coïncidence ou non – car un programme de modernisation nucléaire ne s’improvise pas -, la France a également réalisé un essai de son futur missile balistique stratégique M51.3, il y a un peu plus d’un an. Le M51M51 est l’arme ultime de la dissuasion nucléaire française : 16 de ces missiles sont transportés en permanence par quatre sous-marinssous-marins lanceurslanceurs d’engins de la Marine nationale.

De leur côté, à peu près au même moment, les États-Unis ont aussi conduit un essai de leur arme nucléaire B61-13. Il s’agit d’une bombe gravitationnelle lancée par avion bombardier. Elle équipera d’abord le B-2 SpiritSpirit, puis son successeur furtif, le B-21 Raider. Dès aujourd’hui, le pays lance – avec sept mois d’avance – la production en série de ces B61-13. Cette accélération du calendrier est clairement une réponse au programme d’augmentation de l’arsenal nucléaire chinois et aux récents développements de l’armement nucléaire en Iran. La « nouveauté » de cette arme B61-13, c’est qu’il s’agit d’une ogive dite « variable ».

Cette nouvelle version de la B61 n’a été développée qu’à partir de 2023. Elle est dès maintenant produite en série pour équiper au plus vite l’armée américaine. © Military Review 

Jusqu’à 25 fois Hiroshima

La B61-13 peut être programmée pour délivrer une puissance mortifère de 10 kilotonnes, pour des cibles « tactiques », c’est-à-dire des bases ou des positions militaires adverses. Mais elle peut aussi bien être poussée à son maximum, soit 360 kilotonnes. Elle se transforme alors en une redoutable arme stratégique : 360 kilotonnes, c’est autour de 25 fois la puissance de Little Boy, la bombe atomique qui a été utilisée à Hiroshima en 1945. La B61-13 enferme également des systèmes de sûreté et de sécurité améliorés pour valider ou non son utilisation. Elle est aussi dotée d’éléments de guidage sur sa queue pour gagner en précision.

Contrairement au modèle actuellement opérationnel, cette bombe devrait pouvoir être lancée à une distance suffisamment éloignée pour que son bombardier puisse échapper aux systèmes de défense de l’adversaire. La production de cette bombe en série avec un calendrier aussi avancé a été possible grâce à une réduction de 25 % du temps de production initial. Difficile de savoir quels sont les process qui ont été accélérés ou supprimés pour y parvenir.

Il faut également savoir que ce type de bombe gravitationnelle constitue l’essentiel de la dissuasion nucléaire en Europe, dans les pays de l’Otan. Est-ce qu’ils seront équipés eux aussi de ces armes dont les nouvelles capacités permettent aux États-Unis d’interdire ou non leur activation ? Dans tous les cas, comme les autres pays détenteurs de ces armes, les États-Unis se préparent à garantir que leur arsenal nucléaire reste sûr, fiable et moderne, plutôt que de compter sur leurs ogives reposant pour l’essentiel sur les vestiges de la guerre froide. Et tout ceci reste inquiétant, même si la dissuasion existe justement pour que ne soit jamais utilisée l’arme nucléaire.

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