Le 17 juin, l’Assemblée nationale a adopté un projet de loi visant à supprimer les zones à faibles émissionsémissions (ZFE), soulevant un vif débat. Alors que certains saluent ce geste comme un signe en faveur du pouvoir d’achat, d’autres pointent un recul inquiétant en matièrematière de santé publique et de lutte contre la pollution. Quelles conséquences pour les villes, les automobilistes et l’environnement ?
Un vote clivant qui ne scelle rien
Avec 275 voix pour et 252 contre, le texte supprimant les ZFE a été voté à l’Assemblée nationale, mais la procédure est encore loin d’être terminée. Le Sénat et l’Assemblée doivent trouver un accord via une commission mixte paritaire. Cependant, en cas d’accord, le texte pourrait encore être retoqué par le Conseil constitutionnel, car les ZFE sont intégrées dans un projet de loi de simplification.
Le gouvernement, divisé sur le sujet, propose des aménagements ponctuels plutôt qu’une suppression pure et simple, causant des tensions au sein de sa majorité. On parle même d’un éventuel assouplissement des règles, notamment pour Paris et Lyon, où les compteurs critiques flambent encore.
Impact environnemental et fracture sociale
Les opposants à l’enterrement des ZFE avertissent : le retour des véhicules anciens dans les centres urbains pourrait aggraver la pollution et affecter particulièrement les plus vulnérables. Des élus écologistes de villes comme Paris estiment que cette décision sacrifie la santé publique au profit de la liberté de circuler. Les défenseurs du maintien du dispositif rappellent pourtant les avancées concrètes obtenues : Lyon, par exemple, a vu ses émissions d’oxydes d’azoteoxydes d’azote et de particules fines diminuer de presque 24 à 44 % selon les indicateurs.
Si les fumées d’échappement sont moins visibles aujourd’hui, les émissions de polluants sont toujours présentes dans l’air que nous respirons. © AM avec IA Reve.Art
À l’échelle sociale, le dispositif ZFE reste critiqué pour son éloignement des ménages modestes, incapables d’acquérir un véhicule récent conforme. De plus, la suppression de la prime à la conversion et la baisse du bonus écologique en 2025 ont encore compliqué la situation. De plus en plus de véhicules sont bannis chaque année des villes.
Le gouvernement envisage un accompagnement financier pour les aider, mais aucun calendrier clair n’est annoncé. Paradoxalement, la suppression pourrait coûter 3 milliards d’euros à la France, notamment via des sanctions de l’Union européenne pour non-respect des engagements climatiques.
Le débat sur les ZFE reste ouvert. Le vote de juin marque une étape, pas une fin. La suite dépendra du travail des parlementaires, d’une éventuelle saisine du Conseil constitutionnel et du positionnement du gouvernement. Entre enjeu de santé, priorité sociale et navigation politique, l’avenir des ZFE illustre les dilemmes de la transition écologique.