Le décor de cette histoire parait des plus banals. Tout s’est déroulé en Haute-Garonne, en périphérie de la petite ville de 1 653 âmes que compte Boulogne-sur-Gesse.
Au bord d’une route de campagne, à proximité de silos agricoles, une banale maison s’est retrouvée dans le collimateur de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD). Ce service de l’armée vise à contrer les ingérences hostiles émanant de pays étrangers.
Qu’est-ce qui a bien pu attirer leur attention ?
D’après les informations du site spécialisé Intelligence Online, l’affaire aurait commencé par la découverte d’une curieuse antenne de réceptionréception satellite installée de façon étrange sur le balconbalcon de cette maison.
Nul ne sait comment les agents sont parvenus à identifier cette antenne, mais pour eux, elle n’avait clairement rien d’une antenne de TV habituelle. On peut supposer qu’elle disposait d’éléments particuliers, sans doute une tête multicornet associée à une parabole à réflecteur, avec une sorte de Feedhorn. Mais surtout, cette maison en pleine campagne et son antenne étaient parfaitement placées, pile dans le cônecône de réception des antennes du Cnes positionnées à Issus-Aussaguel qui pilotent les satellites d’observation conçus par Airbus et ThalèsThalès. Il ne s’agit donc pas de n’importe quels satellites et donc… pas de n’importe quels signaux.
Voici le type de petite station que propose la firme chinoise Emposat. Est-ce que l’antenne parabolique utilisée ressemblait à ces modèles ? © Emposat
Les grandes oreilles chinoises à la campagne
Mais l’indice le plus flagrant d’un espionnage provenant d’un pays étranger reposait sur le statut de l’occupante de la maison. Dong H, une ressortissante chinoise, avait la particularité d’être une ancienne employée de l’Académie chinoise de technologie de Pékin. Une institution d’État qui planche, entre autres, sur le développement des missilesmissiles et du spatial.
Cette femme était, de surcroît, inscrite comme présidente d’une société appelée Stahd Europe. Une filiale d’Emposat qui est une véritable société spécialisée dans les communications satellites. Cette entreprise, basée à Pékin, s’est d’ailleurs retrouvée au centre d’une affaire en République tchèque. Elle comptait installer officiellement une station terrestre de communication par satellite dans un village frontalier de la Slovaquie et de l’Autriche. Face à cet investissement chinois, les services de renseignement tchèques avaient alerté le gouvernement de risques importants pour le pays. Le projet avait été bloqué immédiatement par les autorités.
Autrement dit, le pédigrée de cette femme cochait toutes les cases de l’espionnage de signaux satellitaires sensibles au service de la Chine.
Si les agents français ont eu du mal à prouver une collecte illicite des données afin d’intervenir de façon musclée, l’antenne était effectivement réglée pour capter précisément les fréquences de communication des satellites opérés par le Cnes, l’agence spatiale de la France. C’est donc via une instance en justice qu’ils ont attaqué cette personne pour motif d’installation illégale d’antenne. L’opération d’espionnage s’est arrêtée là et l’espionne n’a peut-être pas été plus inquiétée depuis, même si elle reste sans doute sous le regard du renseignement français.
Reste qu’outre l’installation d’une personne d’origine chinoise en pleine campagne, ce type de mise en place d’opération discrète aurait pu passer totalement inaperçu auprès du voisinage et des autorités locales.