Les IA marquent une des plus importantes révolutions du numérique et les conséquences de son développement accéléré inquiètent ses créateurs. Des experts, comme Geoffrey Hinton, en sont convaincus : l’IA va engendrer à terme des catastrophes pour l’humanité. Destruction du travail et de l’économie, accroissement de la dissymétrie lors de conflits armés, perte de l’esprit critique, IA devenues incontrôlables… Tel est le tableau noir qu’en dresse le scientifique et il est loin d’être le seul à tirer la sonnette d’alarme.
Pourtant, d’autres chercheurs se veulent bien plus optimistes. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude menée par l’Université de Swansea, au Pays de Galles. Dans ses conclusions, elle montre qu’en matière de création artistique, l’IA peut agir comme un partenaire utile. Elle vient stimuler l’inspiration et permet à l’humain d’aller bien plus loin dans la mise au point de concepts de design.
Cette fois, il ne s’agissait pas de théoriser sur le danger des IA, mais de mener une vaste expérimentation de leur utilisation. Plutôt que de relever les interactions avec l’IA, les scientifiques se sont consacrés à mesurer l’engagement émotionnel, cognitif et comportemental sur de nombreux volontaires assistés par une IA.
Ainsi, ils étaient plus de 800 à participer à cette expérience. À l’aide d’un système assisté par IA, ils devaient concevoir des modèles de voitures virtuelles sur la plateforme Genetic Car Designer Game. L’IA ne se contentait pas d’optimiser la solution idéale, elle générait également une galerie variée de propositions visuelles, mêlant designs performants, idées audacieuses, voire volontairement imparfaites.
Des résultats contre-intuitifs
Le résultat ? De façon totalement contre-intuitive, les participants exposés aux suggestions de l’IA ont passé plus de temps sur leurs tâches et créé des propositions visuellement bien plus abouties. De façon surprenante, ils ont également déclaré ressentir un plus grand engagement dans la réalisation de leur projet.
Un autre enseignement important : dans la diversité des « idées » proposées par l’IA, certaines étaient totalement hors normes, voire mauvaises. Ces propositions inadaptées ont pourtant servi aux créatifs à dépasser leurs idées préconçues, à explorer des pistes inattendues et à élargir le champ de leur imaginaire.
Selon les chercheurs, cette diversité de propositions a permis d’empêcher un « blocage cognitif » en début de processus. C’est cela qui a finalement favorisé la prise de risque créatif. Au-delà du design automobile, ils considèrent que leurs résultats peuvent être adaptés à d’autres domaines artistiques, comme l’architecture, la musique, les jeux vidéo, les arts visuels… Au final, pour ce qui est des arts du moins, la machine n’efface pas le talent humain, mais l’aide à aller plus loin.