Fin mai, la Darpa annonçait qu’elle envisageait de concevoir un avion-cargo tactique utilisant l’effet de sol sur la mer pour parcourir de très longues distances à haute vitessevitesse. Aujourd’hui, l’agence chargée du développement des nouvelles technologies à usage militaire démarre concrètement son programme.
Le Liberty Lifter rappelle les ekranoplans, des gigantesques avions cargos reposant sur ce principe, mis au point par les Soviétiques et utilisés jusqu’à la fin des années 1990. Pour le moment, la Darpa n’en est qu’au stade de la planche à dessin, c’est-à-dire ce qu’elle appelle la phase 1.
Pour cela, l’agence vient de mandater deux équipes, General Atomics en collaboration avec Maritime Applied Physics Corporation et AuroraAurora Flight Sciences en partenariat avec Gibbs Cox et ReconCraft. Les deux groupes développent deux concepts de démonstrateurdémonstrateur à grande échelle. L’idée principale consiste à créer un hydravionhydravion cargo ayant la même capacité d’emport qu’un C-17 Globemaster III et d’à peu près les mêmes dimensions.
Deux approches différentes. Du côté d’Aurora Flight Sciences, c’est un avion monocoque qui est envisagé, contrairement à General Atomics. © Darpa
Deux concepts différents
Le Liberty Lifter doit être capable d’encaisser un décollage et un atterrissage sur une mer dont l’échelle de Beaufort serait de niveau 4, c’est-à-dire une brise dite légère, avec des vaguesvagues d’une hauteur maximale d’1,5 mètre et un ventvent de 20 à 30 km/h. L’appareil devra ensuite pouvoir évoluer grâce à l’effet de sol au-dessus de l’eau sur une mer de niveau 5 sur la même échelle (jusqu’à 40 km/h de vent, avec des vagues de 2,5 m max).
Autre particularité, le Liberty Lifter aura la capacité de s’élever pour réaliser un vol à environ 3 000 mètres d’altitude. Dans tous les cas, la Darpa souhaite que cet aéronefaéronef reste bon marché. Pour le moment, l’équipe de General Atomics planche sur une conception à double coque pour optimiser la stabilité sur l’eau et la tenue en mer. L’aéronef est propulsé par douze turbomoteurs.
Du côté d’Aurora Flight Sciences, l’appareil ressemble plus à un bateau volant, avec une seule coque, une aile haute dotée de dièdres dirigés vers le bas et huit turbopropulseurs pour la propulsion principale. Cette phase 1 devrait durer 18 mois. Trois mois supplémentaires sont prévus pour planifier des premiers tests. La phase 2 devrait débuter à la mi-2024, avec la constructionconstruction d’un X-Plane Liberty Lifter à grande échelle.
Liberty Lifter, l’avion cargo de la Darpa qui surfe sur la mer
La Darpa planche sur un avion-cargo tactique utilisant l’effet de sol sur la mer pour parcourir de très longues distances à haute vitesse. Un aéronef qui rappelle les fameux ekranoplans utilisés par les Soviétiques puis les Russes jusqu’à la fin des années 1990.
Article de Sylvain Biget, publié le 28 mai 2022
Voilà le retour des ekranoplans, les appareils soviétiques ressemblant à un gigantesque hydravion qui utilisaient l’effet de sol pour voler à basse hauteur au-dessus de l’eau ou d’une surface plane. Mais cette fois, c’est du côté de la Darpa que ce concept veut voir le jour. Le projet porteporte le nom de Liberty Lifter et il consiste en un avion-cargo tactique doté d’un vaste rayon d’action. Conçu à la façon d’un hydravion, l’aéronef, devra être capable de décoller et se poser sur l’eau et de transporter de très lourdes charges. Il devra aussi rester stable, même sur des eaux démontées et aussi quitter l’effet de sol pour pouvoir voler à moyenne altitude. Comme les ekranoplans soviétiques, le Liberty Lifter pourrait évoluer au-dessus de l’eau tel un hydroglisseur, à vitesse très élevée mais, à leur différence, il devrait être plus manœuvrable et capable de voler au-dessus d’une mer agitée.
Le Liberty Lifter devra être économe à construire, disposer d’un long rayon d’action et être capable de transporter de lourdes cargaisons. Sur cette vidéo, on peut constater que la Darpa a imaginé un double fuselage. © Darpa
Un ekranoplan « low cost »
Pour le moment, la Darpa n’en est qu’à la première phase de ce projet, c’est-à-dire le concept. On peut d’ailleurs le voir dans une vidéo publiée par l’organisme (voir ci-dessus). Comme cet aéronef sera capable de transporter de lourdes charges, cela signifie que sa portance devra être très importante à basse vitesse pour assurer un amerrissage en douceur et sans casse. Il faudra aussi qu’il puisse absorber les forces des vagues. Autre contrainte, il devra pouvoir rester opérationnel en mer durant des semaines sans nécessiter de maintenance. Enfin, la Darpa souhaite réduire au maximum la facture de sa production en utilisant des matériaux plus abordables que ceux employés dans l’aviation.