Un porteporte-avion en route vers le Moyen-Orient, plus d’une trentaine d’avions de ravitaillement projetés sur les bases américaines en Europe, l’évacuation de Téhéran des ressortissants de nombreux pays. L’escalade du conflit entre Israël et l’Iran s’accélère depuis l’attaque massive israélienne du 13 juin et étant donné leur déploiement de moyens militaires, les États-Unis semblent bien décidés à participer à la partie.
Comme Futura l’indiquait, l’objectif soutenu par Tel Aviv reposait sur la destruction du développement du programme nucléaire militaire iranien. Il s’agissait aussi d’affaiblir, voire de supprimer le pouvoir en place et également sa capacité à lancer des missiles balistiques. Pour le premier point, même si les iraniens étaient encore loin de pouvoir créer de véritables ogives nucléaires, les attaques marquent de fait la fin de leur programme. Les scientifiques spécialistes du projet ont été ciblés et les installations également.
Si les sites souterrains d’enrichissement de l’uraniumuranium ont été frappés, notamment à Natanz, rien n’indique que les centrifugeuses ont été impactées. Comme cela ne semble pas suffire et que de toute façon l’aviation israélienne n’a pas les ressources nécessaires pour détruire ces installations situées en profondeur sous terre, seul l’emploi de bombes suffisamment puissantes pourrait terminer le « travail ». Ces bombes existent.
La GBU-57 est la plus grosse bombe conventionnelle. © US Air Force
Une bombe pour les bunkers enfouis profondément
Il s’agit des GBU-57 et seuls les Américains peuvent les opérer. Et seuls les bombardier américains B-2A SpiritSpirit opérés par l’US AirAir Force peuvent les lancer. Le déploiement des forces américaines en Europe et à proximité du Moyen-Orient, ainsi que les commentaires israéliens et l’attitude de Donald Trump suggérent l’imminence d’un raid de ces bombardiers.
L’objectif serait de détruire définitivement l’ensemble des centrifugeuses des installations d’enrichissement de Natanz et Fordo. Le premier est enfoui à 100 mètres de profondeur et le second à environ 800 mètres sous terre. Avec leurs 2,7 tonnes d’explosifs pour une massemasse totale de 13,6 tonnes, les fameuses GBU-57 autrement appelées Massive Ordnance Penetrator (MOP), sont ce qu’il y a de plus puissant pour réaliser une telle mission. La bombe larguée peut pénétrer le sol jusqu’à 61 mètres de profondeur avant d’exploser. Ce n’est certes pas suffisant pour atteindre d’un coup les installations, mais une seconde frappe permettrait, au moins dans le cas du site de Natanz, d’y parvenir. Et justement le B-2 peut embarquer deux de ces bombes dans ses soutes.
Images satellites des destructions du site de Natanz après l’attaque de l’armée israélienne. Les centrifugeuses permettant l’enrichissement de l’uranium sont enfouies sous terre à une profondeur d’environ 100 mètres.© Maxtar
Un mix de bombes
Actuellement, les États-Unis disposent d’une vingtaine de ces B-2A Spirit. Quelques-uns d’entre eux pourraient donc être engagés pour cette mission. Le rayon d’action de l’avion est de 11 000 kilomètres et les ravitailleurs en vol pourraient lui permettre d’assurer sans encombre son aller-retour. Ce type de mission a été réalisée une fois en octobre 2024 pour détruire les stocks de munitions des Houtis. Les B-2A avaient alors parcourus plus de 25 000 kilomètres pour mener cette opération dont on ne connait pas vraiment les résultats.
La bombe GBU-57 MOP a évoluée depuis sa première livraison en 2011. On ne sait pas précisément les capacités de ses nouvelles versions, les GBU-57E/B, mais la puissance de pénétration n’a sans doute pas beaucoup évolué. Pour une telle attaque, un mix de GBU de différentes générations pourrait être employée. Mais il apparait étrange que l’US Air Force ne compte que sur elle.
L’approche de la force navale aéroportée américaine suggère également qu’il pourrait y avoir d’autres aéronefsaéronefs impliqués dans l’attaque. Ce serait alors un ensemble de bombes à fort pouvoir de pénétration au sol qui serait alors employé. Parmi elles ont pourrait trouver des GBU-72 que sont également capables de larguer les F-15 de l’armée de l’air israélienne. Cette attaque, plus complète permettrait de détruire d’autres installations annexes, comme des tunnels d’accès, ou bien des installations liées à la production d’énergieénergie, par exemple.
Si une telle mission est déclenchée, quelles pourraient être les conséquences sur le risque radioactif causé par les explosions ? L’uranium enrichi ne va pas provoquer l’équivalent d’un Tchernobyl, loin de là. La radioactivitéradioactivité est nettement supérieure dans une centrale nucléaire. L’effondrementeffondrement de la couche supérieure devrait confiner l’essentiel des émanations radioactive. Mais le risque n’est pas néant, et la pollution serait importante et durable, notamment en raison des quantité colossales de produits chimiques nécessaires dans certaines étapes préalables à l’enrichissement de l’uranium.