« Rampe. Twerk. Recommence… » : le cauchemar des employés qui entrainent le robot humanoïde d’Elon Musk

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L’entreprise Tesla est connue pour ses voitures électriques et tente de développer un système de conduite complètement autonome. Pourtant, ce n’est pas l’avenir de la firme à en croire Elon Musk. Le milliardaire a affirmé à de nombreuses reprises que le produit phare de Tesla sera son robot humanoïde Optimus, qui devrait un jour représenter 80 % de la valeur de l’entreprise.

À terme, le robot devrait pouvoir travailler dans les usines, s’occuper des tâches domestiques et fournir des services d’aide à la personne. Pour entraîner le robot à reproduire les gestes humains, Tesla fait appel à une petite armée d’humains, les « collecteurs de données ». Mais il ne s’agit pas de faire une action deux ou trois fois pour servir de base à une simulation. Ils doivent répéter inlassablement les mêmes gestes des centaines de fois, pendant des journées entières. Un travail extrêmement pénible. Business Insider a pu s’entretenir avec plusieurs d’entre eux.

Regardez la seconde génération du robot Optimus se déplacer. © Tesla

Les gestes répétitifs : un travail physiquement exigeant

À tout moment de la journée, des dizaines d’employés exécutent en boucle des actions simples comme saisir une tasse, essuyer une table, ou ouvrir des rideaux. Le laboratoire où ils travaillent a des parois en verre. Elon Musk s’arrête parfois pour regarder, et les investisseurs sont souvent conviés pour une démonstration. L’un des employés décrit l’expérience comme étant un rat de laboratoire sous un microscope. Tesla comptait plus d’une centaine de ces collecteurs de données, mais a réduit ses effectifs de plusieurs dizaines en septembre.

Ces collecteurs de données décrivent le rôle comme étant « physiquement exigeant, parfois absurde, et toujours méticuleux », et ils sont critiqués si leurs mouvements ne sont pas assez humains. Lorsqu’ils sont embauchés, la première tâche consiste à essuyer une table. Et ce n’est pas limité à quelques dizaines de minutes, ni à quelques heures. Ils peuvent reproduire ce geste pendant des semaines. « Vous faites un pas, essuyez la table, reprenez une position de réinitialisation, et vous recommencez », a raconté un ancien employé. « On répète jusqu’à la pause ».

Des instructions qui peuvent mettre mal à l’aise

Jusqu’à récemment, ils devaient porter une combinaison de capture de mouvements, afin que le robot puisse suivre leurs gestes. Mais depuis juin, ils sont passés à un système de caméras. Cela permet de capturer les mouvements, mais aussi l’environnement. Lorsqu’il s’agit d’actions qui nécessitent plus de dextérité, les collecteurs de données peuvent porter des gants haptiques afin de capturer le moindre mouvement de leurs doigts.

Afin de varier les actions, Tesla génère des instructions avec une IA. Cela permet d’avoir un plus grand éventail de gestes, et de mieux voir les faiblesses du robot. Les exercices durent entre trois et cinq secondes seulement, avec des exemples comme imiter un gorille, faire semblant de passer l’aspirateur, courir, ou même twerker. Ils sont souvent équipés d’un casque et d’un sac à dos qui peut peser entre 15 et 20 kilos. Certains des employés ont été confrontés à des instructions qui les ont mis mal à l’aise, comme ramper à quatre pattes ou enlever un vêtement. Et les collecteurs de données doivent filmer au moins quatre heures de séquences exploitables par jour.

Le lourd tribut des collecteurs de données

Très souvent, le robot n’est même pas capable de rester debout lorsqu’il effectue une tâche où il doit se pencher, et finit par tomber. Il a un système de support pour éviter qu’il tombe au sol, mais la chute est très perturbante pour l’opérateur, qui porte un casque de réalité virtuelle pour voir à travers ses yeux. Et combiné à la mauvaise qualité d’image et la durée pendant laquelle ils devaient porter le casque, certains ont été pris de cybercinétose, autrement dit de nausées causées par la discordance entre les perceptions du corps et des yeux.

Pour un ex-employé, ces exercices reviennent à faire du cardio toute la journée. À cause des gestes répétitifs, et du poids du sac à dos, certains se sont blessés au dos et à la nuque. Un ancien employé a dû se mettre en arrêt maladie après une blessure au dos. « J’ai perdu la sensibilité dans ma jambe droite et j’ai ressenti une douleur aiguë dans le dos », a-t-il affirmé.

À l’heure actuelle, Optimus est encore loin d’être prêt pour une adoption à grande échelle. Nous l’avons vu danser et faire du Kung Fu, mais ce sont a priori plutôt des routines pré-enregistrées. Une vidéo publiée sur X (ex-Twitter) en septembre a montré le robot qui servait de guide dans les locaux de Tesla, et il semblait un peu perdu, et extrêmement lent…

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