En ce début d’année 2024, une publication scientifique a fait sensation, non pas pour ses résultats, mais pour une illustration pour le moins surprenante. Le 13 février, la revue spécialisée Frontiers in Cell Developpement and Biology a publié une étude sur la fertilité, accompagnée d’images générées par intelligence artificielle (IA). Parmi elles, la représentation d’un rat au pénispénis démesuré a immédiatement attiré l’attention et déclenché une vaguevague de réactions dans la communauté scientifique.
L’intelligence artificielle au cœur d’une controverse scientifique
L’image en question, censée illustrer l’anatomie d’un rongeurrongeur mâle, présente des aberrationsaberrations anatomiques flagrantes. Le rat arbore un organe génital plus grand que son corps, défiant toute logique biologique. De plus, les légendes censées identifier les différentes parties anatomiques sont illisibles, composées de suites de lettres sans signification comme « testommcells », « retat » ou « dck ».
Les auteurs de l’étude ont confirmé avoir utilisé Midjourney, un programme d’IA graphique populaire, pour générer les illustrations de leur recherche. Cette décision soulève des questions sur la pertinence de l’utilisation de l’IA dans la production de matériel scientifique, notamment lorsqu’il s’agit de représentations anatomiques précises.
Voici un tableau récapitulatif des problèmes identifiés dans l’illustration :
Les chercheurs sont déconcertés par l’image absurde d’un rat au pénis XXL, créée par l’intelligence artificielle. © iStock
Implications pour l’intégrité de la recherche scientifique
Cet incident soulève des préoccupations majeures quant à la rigueur des processus de relecture dans les publications scientifiques. Elisabeth Bik, spécialiste néerlandaise de l’intégrité scientifique, a qualifié cette publication de “triste exemple” de la naïveté des revues face aux contenus générés par IA.
La communauté scientifique s’interroge sur les conséquences de telles erreurs sur la crédibilité des journaux spécialisés. Si des illustrations aussi manifestement incorrectes peuvent passer le processus de relecture, quelle confiance accorder aux études elles-mêmes ?
Les implications de cet incident sont multiples :
- remise en question des processus de validation des publications scientifiques ;
- nécessité de réglementer l’utilisation de l’IA dans la recherche ;
- risque de désinformation et d’erreurs dans la littérature scientifique ;
- besoin de formation des chercheurs et des relecteurs aux outils d’IA.
Vers une régulation de l’IA dans la recherche ?
Face à cette problématique, les revues scientifiques adoptent des positions variées. Nature, une publication de renom, a déjà annoncé qu’elle n’accepterait aucun contenu créé par IA. En revanche, les revues Frontiers in autorisent l’utilisation de l’IA, à condition que cela soit clairement indiqué aux relecteurs et mentionné dans l’étude.
D’un autre côté, l’incident du « rat au pénis XXL » démontre que ces règles ne sont pas toujours efficaces. Il met en lumièrelumière la nécessité d’une vigilance accrue et d’une réflexion approfondie sur l’intégration de l’IA dans le processus de recherche scientifique.
Les défis à relever incluent :
- établir des normes claires pour l’utilisation de l’IA dans la recherche ;
- former les chercheurs et les relecteurs à identifier les contenus générés par IA ;
- développer des outils de vérification automatique des illustrations scientifiques ;
- renforcer la transparencetransparence sur les méthodes utilisées dans les études.
L’incident du rat au pénis surdimensionné généré par IA marque un tournant dans la réflexion sur l’utilisation des technologies d’intelligence artificielle en science. Il souligne l’urgence d’adapter les pratiques de publication et de relecture à l’ère numérique, tout en préservant l’intégrité et la rigueur essentielles à la démarche scientifique.