Dans un monde où la technologie change rapidement la dynamique des conflits, les drones sont devenus des acteurs incontournables sur le champ de bataille. Avec l’actualité particulièrement chargée de ces derniers temps, la menace liée à l’usage des drones se fait plus pressante : la Russie a récemment lancé 416 drones et missilesmissiles contre l’Ukraine, visant des infrastructures énergétiques cruciales.

Par ailleurs, plusieurs pays européens signalent des survols de drones suspects, notamment au-dessus de sites militaires, d’infrastructures stratégiques et même d’aéroports.  Cette escalade des tensions internationales met en lumièrelumière la nécessité d’innovations technologiques dans le domaine de la lutte anti-drone.

C’est dans ce contexte géopolitique chargé et en pleine évolution que s’ouvre la semaine prochaine le plus grand salon européen dédié aux drones, l’UAV Show, à Bordeaux. Cet événement incontournable réunira plus d’une centaine d’exposants issus des secteurs militaire et civil, offrant une plateforme unique pour découvrir les dernières innovations technologiques.

La vitrine des technologies de pointe

Le salon n’est pas seulement une vitrine pour les nouveaux modèles de drones et les technologies émergentes, mais aussi un lieu d’échange et de dialogue entre les acteurs du secteur, qu’ils soient fabricants, chercheurs ou utilisateurs finals. Les professionnels pourront assister à des conférences, des démonstrations en vol, et des tables rondes sur des sujets variés allant de l’usage des drones dans des opérations militaires à leur déploiement dans des applicationsapplications commerciales telles que la surveillance, l’inspection industrielle et la livraison de marchandises.

Dans le contexte actuel, où la sécurité nationale et la défense prennent une place prépondérante, les discussions porteront également sur les défis que posent les drones non identifiés, ainsi que sur les solutions innovantes pour les contrer. Des entreprises profiteront de cette occasion pour mettre en avant leurs technologies de pointe, parmi lesquelles Aerix Systems, une société française, qui dévoilera ses drones équipés de systèmes de propulsion omnidirectionnelle qui permettent d’intervenir avec efficacité lors de missions de lutte anti-drone.

Nous avons saisi cette occasion exceptionnelle pour interviewer Clément Picaud, directeur général et cofondateur d’Aerix Systems. Son entreprise se distingue par la conception de drones électriques ultra-rapides et remarquablement manœuvrables, équipés d’une technologie de propulsion omnidirectionnelle, véritablement unique au monde. Ces dispositifs innovants trouvent des applications diversifiées, allant de l’inspection industrielle à la lutte anti-drone, en passant par des missions d’attaque.

Portée par une innovation de rupture, la technologie d’Aerix Systems ouvre la voie à une nouvelle mobilité aérienne : agile, stable et ultra-précise, conçue pour les usages civils à forte valeur ajoutée et les applications de défense. © Aerix Systems

Futura : Quel a été l’objectif spécifique de ce test de drone ? Était-ce uniquement un test de performance ou s’inscrivait-il dans un cadre opérationnel plus large ?

Clément Picaud : Ce test de drone s’inscrit dans un cadre opérationnel plus large. En effet, il s’agit d’un premier test présenté faisant partie d’un ensemble beaucoup plus global. Dans un contexte de massification et robotisation du champ de bataille, il est nécessaire de trouver des parades à faible coût pouvant d’inscrire dans une bulle de sécurisation. L’objectif de ce premier test présenté était de démontrer la capacité de notre appareil à venir de façon autonome en percussion d’un autre appareil dans le but de le mettre hors d’état de nuire sans pour autant perdre notre appareil, chose réussie et démontrée.

Futura : Pourriez-vous détailler la technologie de propulsion omnidirectionnelle que vous avez développée ? Quelles innovations en matière de conception et de logiciel caractérisent votre système des drones conventionnels ?

Clément Picaud : Le système de propulsion omnidirectionnelle d’Aerix Systems repose sur une architecture mécatronique innovante à propulseurspropulseurs montés sur cardans. Chaque unité, configurée en fourche, intègre deux moteurs synchronisés assurant un contrôle précis de la poussée d’un moteur Brushless, avec une orientation ajustable au degré près. L’innovation ne s’arrête pas là : notre solution inclut également un logiciel propriétaire de guidage et de navigation (GNC) capable de piloter en temps réel la propulsion orientable à l’aide d’algorithmes extrêmement précis, de l’ordre du centimètre et du sub-degré.

“Ils peuvent ainsi maintenir une position parfaitement stable, évoluer dans toutes les orientations, et conserver un cap constant, même face au vent ou aux turbulences”

Portée par une innovation de rupture, la technologie d’Aerix Systems ouvre la voie à une nouvelle mobilité aérienne : agile, stable et ultra-précise, conçue pour les usages civils à forte valeur ajoutée et les applications de défense. Contrairement aux drones classiques dépendants de leur orientation, les vecteurs d’Aerix Systems bénéficient d’une propulsion omnidirectionnelle leur permettant de se déplacer librement sur les trois axes de translationtranslation et rotation (360°) avec une précision sub-degré.

Ils peuvent ainsi maintenir une position parfaitement stable, évoluer dans toutes les orientations, et conserver un cap constant, même face au ventvent ou aux turbulencesturbulences. L’avantage réside donc dans les performances et caractéristiques de vol impossible auparavant comme une précision inférieure au degré lors des phases de collision (lutte anti-drone) mais aussi une manœuvrabilité à haute vitessevitesse bien supérieure aux autres drones. On retrouve également une très grande résistancerésistance au vent.

Cette vidéo montre un drone d’Aerix Systems prendre en chasse et détruire un autre drone au cours d’un essai pour un partenaire. Le modèle AXS-μ1, présenté dans la vidéo, est conçu pour atteindre une vitesse de 200 km/h, avec une portée de 20 km et une capacité à résister à des vents allant jusqu’à 100 km/h. © AERIX SYSTEMS

Futura : Quels ont été les points durs pour réaliser cette démonstration et qu’est-il prévu pour améliorer la performance du drone attaquant ? 

Clément Picaud : Les améliorations seront bientôt présentées et se concentrent sur de l’interception de drone à haute vitesse avec principalement des démonstrations beaucoup plus proches du cas d’applications réelles.

Futura : Quelle est la place de ces drones dans le contexte actuel des conflits, notamment dans le cadre du conflit russo-ukrainien ? Pensez-vous que votre technologie pourrait changer le cours de tels conflits ?

Clément Picaud : Aujourd’hui, les drones ont une place indéniable dans les conflits. En effet, les drones sont utilisés très massivement pour de l’attaque et défense et sont des solutions à très bas coûts avec de nombreux avantages opérationnels. Ils peuvent saturer une zone, attaquer, capter de nombreuses informations…

Ils redéfinissent aujourd’hui une partie des codes, car ces derniers sont produits en massemasse, entrainant indéniablement une robotisation des conflits et surtout une possibilité de supériorité par le nombre et le prix. Ils s’inscrivent donc dans une logique stratégique. C’est pour cela que la lutte anti-drone, des plus petits aux plus grands, devient un véritable sujet.

Les drones d’Aerix Systems s’inscrivent aussi dans cette logique avec des appareils à faible coût pouvant être produits en masse, étant particulièrement adaptés à la lutte anti-drone en raison de la vitesse et manœuvrabilité. Ils peuvent apporter ainsi un soutien indéniable dans ces nouvelles stratégies. 

Futura : Comment votre entreprise prévoit-elle de répondre à la montée des menaces posées par des drones non identifiés dans des pays européens comme l’Allemagne et la Belgique par exemple ?

Clément Picaud : Nous travaillons déjà depuis de nombreuses années sur la lutte anti-drone, car il s’agit depuis le début d’un avantage induit par notre innovation. Nous développons ce sujet avec des partenaires, mais il est obligatoire aujourd’hui d’avoir les moyens pour permettre le développement de ce type de solution.