par Miyoung Kim
SEOUL (Reuters) – Samsung Electronics a fait état vendredi d’un résultat trimestriel préliminaire inférieur à des attentes pourtant peu élevées, renforçant ainsi les craintes de ceux qui pensent que l’engouement mondial pour les smartphones du géant sud-coréen est peut-être en train de s’effriter.
Le succès rencontré ces dernières années par la gamme Galaxy S, fonctionnant avec le système d’exploitation Android de Google, a propulsé l’an dernier Samsung au rang de premier fabricant mondial de smartphones, délogeant Apple, qui avait révolutionné le secteur cinq ans plus tôt avec l’iPhone.
Mais, au vu des données préliminaires du deuxième trimestre, les investisseurs redoutent de voir Samsung suivre le même chemin qu’Apple avec la perte d’une position de marché dominante sous les coup du butoir de nouveaux concurrents dans un contexte où la course à l’innovation technologique est sans fin.
Après avoir touché le 21 septembre 2012 un record en séance de 705,07 dollars – faisant du fabricant d’iPhone, d’iPad et d’iMac la première capitalisation boursière mondiale – l’action Apple est revenue à 420,80 dollars (cours de clôture de mercredi) – soit une chute de 40% sur la période – en raison du ralentissement des ventes d’iPhone.
L’action Samsung, affectée par une série de baisse de recommandations ces dernières semaines, a reculé de plus de 17,5% depuis la fin du mois de mai. Depuis le début de l’année, le recul est un peu moins marqué, de 16,7%. Sur l’ensemble de 2012, le titre avait gagné 44%.
Sur le deuxième trimestre, le bénéfice opérationnel de Samsung Electronics, attendu à 9.500 milliards de wons (6,4 milliards d’euros), un nouveau record, représente un bond de 47% par rapport à la même période de 2012.
Mais les analystes avaient anticipé un chiffre de 10.160 milliards de wons, selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S, ce qui explique le recul de 3,8% à 1.267.000 wons accusé par le titre Samsung alors que la Bourse de Séoul n’a perdu que 0,32%.
Samsung Electronics, également le numéro un mondial des puces mémoire, publiera ses résultats trimestriels définitifs le 26 juillet.
FIN DE L’ÉPOPÉE SAMSUNG ?
Il y a encore peu, à l’instar d’Apple, Samsung avait habitué les acteurs du marché à faire mieux que les prévisions les plus optimistes.
“Est-ce la fin de l’épopée Samsung ? Pas encore. Sa croissance est certes ralentie, en raison surtout de ventes décevantes du S4”, a estimé Jung Sang-jin, gérant de fonds chez Dongbu Asset Management, qui détient des actions du groupe sud-coréen.
“Et je suis d’avis que le groupe a encore des produits excitants en réserve. Seulement, il est impossible de savoir s’ils vont séduire les investisseurs et les consommateurs.”
Jeff Kim, analyste chez Hyundai Securities, note que le principal risque auquel est confronté Samsung est sa dépendance aux terminaux mobiles, qui représentent 70% de ses bénéfices.
Si les ventes du Galaxy S4 se reprennent, Samsung devrait continuer à dégager des bénéfices en hausse, que ce soit pour le trimestre en cours ou pour le quatrième.
Selon Nho Geun-Chang, analyste chez HMC Investment Securities, Samsung a manqué le consensus au deuxième trimestre du fait de frais de lancement du Galaxy S4 beaucoup plus importants que prévu.
En 2012, pour la première fois en trois ans, les dépenses publicitaires du groupe sud-coréen ont été supérieures à celles consacrées à la recherche développement. Et le S4 a été lancé en mars en grande pompe à New York.
Malgré tous ces efforts de marketing, les livraisons de terminaux mobiles n’ont vraisemblablement augmenté que de 4% à 8% au deuxième trimestre par rapport au premier.
Et les marges dans le secteur sont sous pression puisque de plus en plus de consommateurs – en Chine notamment, premier marché mondial de smartphones – optent pour des modèles à bas coûts.
La compétition devient donc féroce dans le milieu et le bas de gamme, où les fabricants chinois Huawei Technologies et ZTE gagnent des parts de marché. De son côté, Nokia, l’ancien numéro un mondial des portables, a lancé cette semaine deux téléphones 3G à bas coûts.
Benoît Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Joanny