L’environnement géopolitique mondial connaît une transformation profonde, alimentée par des événements marquants tels que le conflit russo-ukrainien et les tensions grandissantes au Moyen-Orient. Ces bouleversements, exacerbés par des changements dans les alliances internationales, notamment sous l’influence des politiques américaines, amènent les États européens, et la France en particulier, à réévaluer leurs stratégies et à envisager des solutions souveraines dans des secteurs cruciaux tels que la technologie, l’énergieénergie et la défense.

L’importance de la souveraineté technologique pour la SNCF

Dans ce contexte incertain, la nécessité d’affirmer notre autonomie devient urgente, surtout dans le domaine des communications par satellite. La dépendance vis-à-vis de solutions étrangères peut venir fragiliser notre sécurité et notre indépendance stratégique. À cet égard, la récente annonce d’un partenariat entre AirAir France et Starlink soulève des préoccupations quant à la pertinence de confier l’avenir de la connectivité aérienne à des acteurs non européens.

Alors que la SNCF envisage d’équiper sa flotte de trains d’un système performant de connectivité à haut débit, cette réflexion prend tout son sens. D’autant plus qu’avec OneWebOneWeb, l’Europe dispose aujourd’hui d’un acteur clé pour garantir une souveraineté dans l’accès au haut débit satellitaire. Associé à des solutions françaises et européennes innovantes, OneWeb constitue une alternative performante, capable de répondre aux besoins de connectivité tout en renforçant notre indépendance technologique.

Dans ce contexte, la SNCF a l’opportunité d’adopter une démarche proactive en faveur de l’innovation nationale. Une orientation qui s’inscrirait pleinement dans la dynamique portée par le président de la République et l’ensemble de l’Europe, à travers des projets structurants comme Eutelsat-OneWeb et IRIS², symboles d’un engagement fort en faveur de la souveraineté technologique.

Présent lors du dernier salon du Bourget, Greenerwave nous a présenté son antenne innovante. © Remy Decourt

Greenerwave : une alternative souveraine et efficace aux solutions étrangères

Dans la quête de solutions de connectivité, la start-up Greenerwave se distingue comme un acteur prometteur, spécialisée dans le contrôle des ondes électromagnétiquesondes électromagnétiques. À la différence de Starlink, qui fournit un service de bout en bout en combinant satellites et antennes, Greenerwave offre des technologies sur mesure, parfaitement adaptées aux besoins des transports modernes. Son antenne intelligente, passive, frugale, multi-orbiteorbite et compatible OneWeb est entièrement conçue et fabriquée en France.

Cette antenne présente plusieurs avantages significatifs par rapport aux solutions de type StarlinkStarlink. D’abord, elle permet une flexibilité remarquable dans la gestion des satellites : grâce à une architecture logicielle avancée, les antennes Greenerwave peuvent facilement passer des satellites en orbite basse (LEOLEO) à ceux en orbite géostationnaireorbite géostationnaire (GEO). En cas de mauvaise couverture du service LEO, il est possible de basculer rapidement vers un satellite GEO, une fonctionnalité que Starlink ne propose pas.

Par ailleurs, les antennes Greenerwave se distinguent par leur efficacité énergétique, offrant une consommation jusqu’à 10 fois inférieure à celle des solutions classiques. Leur robustesse thermique et mécanique est également inégalée, leur permettant de fonctionner dans des conditions extrêmes, de -40 °C à +55 °C.

De plus, Greenerwave garantit une compatibilité avec toutes les constellationsconstellations, qu’elles soient en orbite basse ou géostationnaire, y compris une compatibilité native avec des projets comme OneWeb et Iris². En somme, les solutions Greenerwave répondent aux exigences de connectivité des trains et autres véhicules de transport tout en renforçant la souveraineté technologique de la France.

En conclusion, la SNCF dispose d’une réelle opportunité de contribuer à l’émergenceémergence et à la promotion de solutions françaises, affirmant ainsi un modèle de souveraineté technologique. En s’orientant vers des entreprises innovantes, comme Greenerwave, la SNCF pourrait répondre non seulement aux attentes croissantes de ses passagers en matièrematière de connectivité à bord, mais elle renforcerait également la position de la France en tant qu’acteur clé dans le développement des technologies de communication.

La parole à Geoffroy Lerosey, CEO de Greenerwave.

Futura : Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels la France est confrontée en matière de souveraineté technologique dans le secteur des télécommunications par satellite ?

Geoffroy Lerosey : On le voit dans le cadre des négociations sur les tarifs douaniers ou sur le conflit en Ukraine. La politique actuelle des géants américains est America first. Il est donc urgent que le France et l’Europe disposent d’une solution souveraine de connectivité, en l’opérateur Eutelsat/Onweb et plus tard en IrisIris². C’est le vœu de notre président de la République et je ne peux qu’être d’accord.

Futura : Comment envisagez-vous la réaction du marché, et en particulier des opérateurs de transport, face à vos solutions d’antennes par rapport aux offres des géants comme Starlink et Eutelsat-OneWeb ?

Geoffroy Lerosey : Nous ne sommes pas fournisseurs de services, mais uniquement des terminaux de connectivité, c’est-à-dire des antennes qui servent à communiquer via des satellites. En ce sens, nous sommes compatibles avec Starlink, même s’ils ne feront sûrement pas appel à nous car ils font tout inhouse. Notre volonté est justement de travailler main dans la main avec Eutelsat/Oneweb, afin de fournir une solution end to end souveraine aux acteurs français et européens.

Futura : Avez-vous déjà établi des partenariats avec des entreprises ou des institutions pour tester ou déployer votre antenne dans des environnements réels (comme dans des trains ou des avions) ?

Geoffroy Lerosey : Nous venons d’annoncer un contrat de commandes publiques d’antennes, potentiellement supérieur à 10 M€,  destiné à équiper des véhicules de nos forces armées françaises. Ce sera un cadre on ne peut plus réel. Par ailleurs, et sur un plan plus amont, nous venons également d’annoncer un partenariat avec SafranSafran pour réaliser des terminaux Satcom pour l’aviation commerciale.

Futura : Quels sont les obstacles réglementaires auxquels vous faites face dans le développement et la mise en œuvre de vos antennes en France et en Europe ?

Geoffroy Lerosey : Les réglementations les plus importantes concernent les diagrammes de rayonnement, qui sont par ailleurs validés par les différents opérateurs. Mais cela garantit un fonctionnement sans problèmes avec l’ensemble des satellites opérant.

Futura : Avez-vous déjà reçu des retours d’expérience de la part de clients ou de partenaires pilotes concernant la performance de votre antenne ?

Geoffroy Lerosey : Nous avons réalisé de nombreux tests avec des clients potentiels dans nos bureaux de Toulouse, où nous avons accès à un toittoit. L’ensemble des retours était très favorable. Nous allons maintenant leur fournir des antennes (en septembre) pour qu’ils mesurent eux-mêmes les performances de l’antenne. Par ailleurs, nos antennes ont été testées à de nombreuses reprises avec la défense et les résultats ont beaucoup impressionné également.

Futura : Quels sont les prochains développements ou améliorations prévus pour votre antenne multirobite ? Envisagez-vous des fonctionnalités supplémentaires à long terme ?

Geoffroy Lerosey : Nous travaillons sur deux versions de ce premier produit sur la bande Ku, multi-orbite, la différence entre les deux étant essentiellement la taille et donc les performances. Celles-ci seront suivies assez rapidement de version 2, donc le coût aura été optimisé (2027).

En parallèle, nous développons notamment grâce au soutien de la DGA ainsi que de la Commission européenne l’antenne du futur, en bande Ka cette fois-ci, mais comme sa grande sœur en Ku multi-orbite – basse consommation et économique – qui pourra couvrir tous les besoins des constellations à venir (O3b mpower, Lightspeed, Kuiper, Iris2). Ces deux derniers développements seront financés, notamment par une levée de fonds à des séries B à venir.

Enfin, nous développons plus en amont l’antenne « graal », une multi-bande multi-orbite prévue pour les prochaines années, mais dont nous avons déjà la preuve de concept.

Futura : Envisagez-vous d’exporter votre technologie à l’international ? Si oui, quelles régions ou marchés ciblez-vous en priorité ?

Geoffroy Lerosey : Bien sûr, le marché est mondial. Nous tenons à proposer des solutions souveraines en Europe, mais nous pouvons servir le monde entier. Nous avons d’ailleurs des clients potentiel en Asie, aux États-Unis, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient.