On dit souvent que Donald Trump marche dans les pas de Ronald Reagan, le président américain des années 1980. Lors de son mandat, en pleine guerre froide, Reagan ambitionnait de protéger les populations américaines des missilesmissiles soviétiques avec une bulle impénétrable. C’était le projet DSI, autrement appelé Star Wars, puisque cette protection s’élevait jusque dans l’espace. Des satellites auraient ainsi été armés pour neutraliser les missiles balistiques soviétiques. Mais avec la chute de l’Union soviétique et également le prix exorbitant du développement de ces satellites défensifs, le projet a été enterré.
Pour la présidence Trump, les menaces actuelles et le développement de missiles hypersoniques et balistiques de nouvelle génération viennent justifier la mise en place d’un projet équivalent de bouclier antimissile, mais modernisé. C’est en tout cas, le constat et le nouveau projet qui viennent d’être annoncés par la Maison Blanche via un communiqué de presse. Si le coût reste énorme, les contraintes technologiques de l’époque sont désormais moins problématiques.
Ce nouveau projet de dôme de ferfer consiste à créer un système de défense multicouche, allant de la très haute altitude au plus près du sol. Ainsi, un réseau de satellites de surveillance pourrait être exploité pour détecter au plus vite l’arrivée, voire le départ de missiles hypervéloces manœuvrables ou balistiques. Plus ambitieux, des satellites seraient armés pour neutraliser directement ces menaces. Enfin, si toutefois des missiles venaient à franchir cette couche de protection spatiale, des intercepteurs au sol prendraient le relais, que ce soit en très haute altitude ou durant la phase finale.
Le dôme de fer américain disposerait de plusieurs couches, dont la première sécurité serait gérée par des satellites. © Northrop Grumman
Paranoïa contreproductive ?
Ce type de système capable de détruire une menace en phase de descente à haute vélocitévélocité existe déjà, mais coûte très cher, c’est ce que l’on appelle les systèmes THAAD (Terminal High Altitude Area Defense, en anglais). C’est ce type d’intercepteur qui a été déployé en Israël pour intercepter les missiles balistiques iraniens. Le dôme de fer américain pourrait aller encore plus loin. Avec ses satellites défensifs, il aurait la capacité de détecter la préparation d’un tir et d’intercepter une menace dès sa phase propulsive, c’est-à-dire lorsque l’engin est en phase de lancement.
Avec ce projet, Trump montre à ses électeurs qu’il compte défendre efficacement les populations contre ce type de menaces potentielles. Et c’est justement ce terme de « menaces potentielles » qui interroge. Sont-elles réelles pour les États-Unis étant donné la puissance de leur dissuasion nucléaire ? Et surtout, ce genre de décision, qui consiste à renforcer la sécurisation du ciel, pourrait bien accroître la menace, c’est-à-dire, justement le potentiel de destruction des éventuels adversaires des États-Unis. C’est le cas de la Chine, qui pourrait être amenée à augmenter la quantité de ce type d’arsenal pour montrer qu’elle est capable de franchir ces défenses par saturation. C’est également le cas de la Russie, mais dans une moindre mesure étant donné son effort de guerre envers l’Ukraine.