C’est dans un contexte géopolitique extrêmement tendu, avec l’ombre du crash tragique du B-787 d’Air India, que le Salon du Bourget 2025 a ouvert ses portesportes depuis lundi. Comme tous les deux ans, c’est l’un des rendez-vous importants que suit Futura. Étant donné l’ambiance planétaire, les képis et les barrettes de galons du monde entier y sont omniprésents. De fait, on constate très vite que l’événement aéronautique le plus important du monde a de sacrées allures de salon de l’armement. Il faut dire qu’en plus de la filière aéronautique, l’espace se militarise radicalement et devient dual. Il y est moins question de conquête spatiale que d’engins spatiaux à vocation militaire.
C’est notamment le cas de l’avion-spatial VortexVortex de Dassault dont la maquette est présente sur le salon. ThalèsThalès et Airbus comptent également peser dans l’espace. Boeing, endeuillé par le crash encore inexpliqué du B-787 en Inde, fait profil bas, mais assure sa présence du côté militaire au moins. L’avionneur réalise des shows aériens avec ses modèles phares et Qatar Airways présente un B-777 aux couleurscouleurs du PSG. Le salon bénéficie essentiellement à Airbus qui a signé de beaux contrats et également aux avionneurs spécialisés dans les avions conçus pour les vols régionaux. Du côté de Dassault, on minimise la perte d’un Rafale en Inde en parlant de l’avenir.
Rafale F5, la star
Sur le stand de l’Armée de l’AirAir et de l’Espace, justement, la star est le Rafale au standard F5 avec ses réservoirs supplémentaires intégrés au fuselagefuselage, il sera précédé en vol d’un drone et de nouvelles capacités. La révolution ne se voit pas ou peu, mais c’est à peu près le même saut que de passer du Mirage 2000 au Rafale. Outre notre fleuron français, les Européens ont amené leur Eurofighter Typhoon qui montre ses capacités lors des démonstrations aériennes. Le bruyant F-35 ferme le bal de ces avions de combat. Pas d’avions russes, comme depuis quelques années, mais également des stands israéliens fermés la veille du salon qui se retrouvent bâchés de noir. Au-dessus de l’un d’eux, on peut voir les têtes des missilesmissiles exposés dépasser.
KNSD a présenté deux drones dont cette munition rôdeuse à moyenne portée dévoilée à l’occasion du salon. © KNDS
Les drones en voie de maturation
Après trois ans de guerre en Ukraine et l’utilisation massive de drones sous toutes les formes et pour toutes sortes de missions, le salon de l’aéronautique est également le leur. Ils sont nombreux à proposer gros, moyens et petits drones, militarisés ou non. C’est d’ailleurs un peu l’atout de ces engins qui peuvent à la fois servir pour des missions civiles comme militaires.
Des acteurs récents sur ce secteur ont pris aussi des initiatives pour entrer dans les cahiers des charges, répondre aux attentes des armées et tenter de les séduire. C’est le cas du Français Turgis Gaillard dont Futura relate régulièrement les avancées de son drone MALE Aarok. L’appareil est présent sur le stand et il est accompagné du lance-roquettes multiple Foudre dont Futura avait dressé le portrait dernièrement.
En matièrematière de drones de combat, il y a les modèles suicides comme l’aile volante de KNDS ou bien le Damoclès, un drone quadrimoteur opérant à moyenne portée. Dans tous les cas, comme en Ukraine, ou presque, l’idée consiste à proposer des engins faciles et rapides à assembler pour créer de la massemasse. La Turquie est également de la partie avec son nouveau Bayraktar TB3. Son aîné a beaucoup fait parler de lui en Ukraine au début du conflit.
Côté gros drones, c’est-à-dire dans la catégorie MALE, on retrouve donc le Aarok français en cours de tests de roulage. Mais, chez les Français, il y a aussi Aura Aero qui planche sur l’Enbata. Il est prévu à la livraison dès 2028 alors qu’il n’existe encore qu’en maquette. Il sera capable de tenir en l’air durant 55 heures, mesurera 17 mètres d’envergure et pourra porter jusqu’à une tonne de charge utile.
Le missile est à la mode
Les guerres modernes se font à distance à coup de tirs de missiles réciproques. Signe de ces temps, les missiliers déballent volontiers leurs nouveautés. L’Américain Anduril s’associe avec l’Allemand Rheinmetal pour produire les versions européennes du drone Fury, qui accompagne un avion de chasse, et du missile Barracuda. De son côté, MBDA montre sa vaste gamme de missiles sur son stand. MBDA y dévoile aussi le One Way Effector (OWE), un drone suicide qui fait étrangement écho au fameux Shahed iranien utilisé massivement par la Russie pour frapper l’Ukraine. Le missilier a profité du salon pour annoncer son partenariat avec un constructeur automobileautomobile français pour produire 1 000 de ces drones par mois. L’engin sert à saturer des défenses adverses, il nécessite donc une production massive. C’est un premier pas vers une « économie de guerre ».
MBDA a conçu un drone suicide semblable au Shahed utilisé par la Russie en Ukraine. © MBDA
Ariane Group fait aussi dans le missile, avec un modèle à longue portée : le MBT (Missile Balistique Tactique) que l’on peut découvrir en maquette sur le salon. On peut également voir celle du fameux planeurplaneur hypersonique Vmax.
L’aviation vertueuse mise sous le tapis
Il y a donc le vert ou le gris militaire, mais on ne peut pas dire que le vert de l’écologieécologie brille sur ce salon. Pour l’aviation civile, tous les avionneurs cherchent à montrer, sans trop convaincre, leurs vaguesvagues efforts pour la décarbonation. Ce serait même la priorité d’Airbus, mais il n’y a pas vraiment de nouveautés. D’ailleurs, le développement de son avion à hydrogènehydrogène est pratiquement au point mort. Il y a pourtant de belles surprises, comme celle d’Aura Aero avec son avion régional hybridehybride de 19 places. On peut le voir sur le stand de l’avionneur. Il peut voler durant 300 kilomètres en 100 % électrique ou bien étendre son autonomie de 1 500 kilomètres avec sa motorisation thermique. Il promet de devenir un bestseller, car 650 pré-commandes ont été réalisées. Il sera assemblé à Toulouse.