Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, les drones sont utilisés massivement sur la ligne de front. Leurs usages sont nombreux : observation, réglages d’artillerie, bombardements ciblés ou missions suicides. La consommation de drones est colossale. Parmi ces aéronefsaéronefs, il y a de nombreuses pertes dues à des ruptures de liaison ou du positionnement par satellite du drone, en raison du brouillage électronique.
Comment faire face à ce phénomène ? Helsing, une société allemande, affirme avoir trouvé une parade avec le drone d’attaque intelligent HX-2. Cet engin est une munition rôdeuse dotée d’une aile cruciforme (X-Wing). Il est discret en raison de sa propulsion électrique et peut parcourir 100 kilomètres avant de frapper sa cible. Sa vitessevitesse de pointe serait de 220 km/h.
Mais ce qui caractérise surtout cette munition rôdeuse, c’est son système de navigation résilientrésilient. Il peut se passer totalement d’assistance GPS et de liaison de communication. Autrement dit, il passe outre le brouillage pour mener à bien la mission pour laquelle il a été programmé. Comment ? Grâce à une IAIA. Cette IA est considérée comme « vivante » par Helsing. Cela signifie qu’elle doit être mise à jour en permanence et entraînée à partir des retours d’expérience des missions précédentes.
En plus de cette IA capable d’assurer toute seule la navigation et la frappe, le drone est intégrable à une plateforme logicielle appelée Altra. Elle permet de synchroniser et d’échanger les données entre plusieurs drones de renseignement et de surveillance avec ce HX-2. Mieux encore, l’ensemble des drones peut aussi être associé dans les échanges d’informations et d’ordres à d’autres systèmes d’armes terrestres. Avec Altra, les HX-2 peuvent voler en essaim de façon autonome. Un seul opérateur suffit à mener cette mission collective.
HX-2 est intégré à Altra, un logiciel développé par Helsing. Il permet de coordonner différents types de drones et leur mise en réseau avec les systèmes d’artillerie et les systèmes de commandement existants. L’intégration technique serait minimale. © Helsing
Des essaims suicides autonomes
Côté charge utile, l’engin peut embarquer une munition antichar ou une charge destinée à détruire des infrastructures. Des explosifs plus polyvalents sont également compatibles. Pour tester la pertinence de ce drone, la firme allemande l’a testé en conditions réelles en Ukraine. Depuis, l’arme est d’ailleurs utilisée par l’armée ukrainienne dans sa lutte contre l’envahisseur. Elle a un autre atout : elle peut être produite massivement à un coût assez faible pour une munition rôdeuse. Ainsi, la société compte livrer rapidement 4 000 de ces HX-2 aux forces ukrainiennes.
D’autres systèmes résistants aux brouillages existent. Lors d’une présentation des innovations de l’armée de Terre, à l’École militaire de Paris, Futura a ainsi pu découvrir un prototype de quadrirotor FPV filoguidé, doté d’une munition. La liaison optique est maintenue pour assurer la continuité de la mission, quelles que soient les conditions de brouillage. Robuste, le câble peut mesurer jusqu’à sept kilomètres sans rompre. Pour le moment, il s’agit d’expérimentations menées par le nouveau Commandement du Futur. Ce genre d’initiative ne signifie pas pour autant que ce type de drone sera produit massivement un jour pour être utilisé par l’armée française. Rappelons que cette dernière n’est pour le moment pas équipée de munitions rôdeuses.
Pour des raisons éthiques, il est peu probable de voir l’armée française s’équiper d’un drone comme le HX-2 – une munition suicide qui peut être 100 % autonome et capable de poursuivre une frappe sans contrôle humain.