Zapad 2025 : quelles sont les armes montrées par la Russie et les messages cachés derrière ?

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Ce vendredi 12 septembre, la mer de Barents était marquée par l’ombre menaçante des bombardiers stratégiques russes Tu-22M3, qui patrouillaient dans le ciel. C’était le prélude à l’exercice militaire d’ampleur mené conjointement par les armées russes et biélorusses Zapad 2025. Cet exercice se tient tous les quatre ans.

La dernière fois qu’il a eu lieu, c’était en septembre 2021 et ce fut un entraînement déterminant pour la préparation de l’invasion de l’Ukraine. Depuis le début de cette guerre, le Z de Zapad – qui représente les armées russes basées à l’ouest – est peint sur les blindés et véhicules russes. Ce sont eux qui, à l’issue de l’exercice suivant, début 2022, ont envahi l’Ukraine via la Biélorussie. 

Depuis, ce Z est devenu le symbole politique du conflit en Russie. C’est bien pour cette raison que cette édition 2025, sur fond de tensions extrêmes entre Moscou et les pays de l’Otan, est scrutée de près par les observateurs internationaux. Pour l’occasion, la Russie en profite pour réaliser une démonstration de ce qui pourrait se passer en cas de tentative d’affrontement direct par ses voisins proches.

Dissuasion nucléaire renforcée

Avec le déploiement de ces bombardiers stratégiques, il ne s’agit donc pas de simples manœuvres. Le signal est clair, la Russie cherche à démontrer sa capacité de dissuasion nucléaire face aux territoires de l’Otan situés à proximité immédiate.

Autre exemple allant dans le même sens, la journée d’hier était consacrée à une attaque de l’enclave russe de Kaliningrad. Elle comprenait un débarquement ennemi sur les côtes de cette région située sur la Baltique. Un assaut fictif qui a été repoussé.

Mais ce scénario peut être interprété d’une bien autre façon. La Russie a déjà théorisé et simulé ce genre d’attaque pour couper les pays baltes du reste de l’Otan, puisque Kaliningrad n’est séparé de la Biélorussie que par un petit corridorcorridor (Suwalki) passant entre la Pologne et la Lituanie.

Pour ces manœuvres, contrairement à 2021, le nombre de soldats y participant est limité à environ 15 000. L’exercice est donc de portée réduite et les tirs de munitions réelles également. Toutefois, paradoxalement, ces manœuvres incluent des signaux forts pour l’Otan, à savoir des scénarios allant de la défense contre une invasion jusqu’à des frappes de missilesmissiles et une guerre conventionnelle à grande échelle.

Le scénario se déroule en deux étapes : la défense contre une attaque aérienne ou un débarquement, puis la contre-attaque pour repousser l’ennemi et retrouver l’intégralité territoriale. © Tass

Désescalade par l’escalade en cours

Les simulations se concentrent sur des régions stratégiquement sensibles comme l’ArctiqueArctique, les pays baltes et la mer de Barents. Outre la menace des bombardiers, le nucléaire était omniprésent. S’ils n’ont pas été tirés, les nouveaux missiles balistiques nucléaires de moyenne portée, Orechnik, ont été déployés et testés sous forme de simulations en Biélorussie. Présenté comme invincible, ce missile est en réalité une variante d’un ancien modèle, le RS-26 Rubezh. Sa portée est estimée entre 2 000 et 5 000 kilomètres. De quoi frapper les capitales européennes. 

L’Orechnik a déjà été testé en conditions réelles, mais sans ogives, lors d’une frappe en Ukraine en novembre 2024. Sa présence en Biélorussie sert, là encore, à monter en épingle la menace du nucléaire aux pays voisins membres de l’Otan. Cela s’inscrit dans la doctrine russe habituelle de « désescalade par l’escalade ». La Russie brandit cette menace latente pour dissuader les pays de l’Otan d’intervenir davantage en Ukraine. Le missile est prévu pour être positionné de façon permanente en Biélorussie avec les autres armes nucléaires dites « tactiques » déjà présentes depuis 2023.

Du côté de l’enclave russe de Kaliningrad, l’armée a également mené, depuis une autoroute, des tirs simulés de missiles aérobalistiques Iskander. Positionnés à proximité immédiate des pays baltes et de la Pologne, ces missiles pourraient servir à faire le ménage des systèmes défensifs ennemis pour ouvrir la voie aux forces aériennes.

C’est exactement ce que la Russie n’est pas parvenue à accomplir en Ukraine au début de son invasion, ce qui explique en partie son enlisement. Le ministère de la Défense russe a également beaucoup communiqué sur des tirs symboliques de missiles hypersoniques.

Le navire Amiral Golovko lance un tir de missile Zirkon, simulant la frappe d’un ennemi dans la mer de Barents. On peut voir la trajectoire assez verticale du missile. © Tass

Attiser la peur des missiles hypersoniques

Un Zirkon a ainsi été tiré depuis un destroyer en mer de Barents. C’est la première fois que l’on peut observer aussi visiblement son lancement en vidéo. Il part à la verticale pour se positionner en très haute altitude, sans doute au-delà de 20 kilomètres. C’est dans cette haute couche qu’il démarre son statoréacteurstatoréacteur pour passer en vitessevitesse hypersonique, avant de retomber sur sa cible. Il a une portée de 1 000 kilomètres et vole à Mach 9. C’est sans doute l’arme la plus avancée de l’arsenal russe. Ce missile à capacité nucléaire est difficilement interceptable en raison de sa vitesse de chute. Même s’il est aisément détectable de loin en raison de sa prise d’altitude importante, la fenêtrefenêtre de tir de riposte reste très faible pour le neutraliser.

L’autre missile hypersonique, qui a été montré, est le Kinzhal. Lui aussi est de type hypersonique. Il est lancé depuis un avion MIG-31K et sa portée est d’environ 1 000 kilomètres. Il est certes rapide, puisqu’il peut atteindre Mach 8 ou 9, mais en phase d’approche terminale, il réduit sa vitesse à Mach 5 pour assurer la précision de la frappe. C’est ainsi qu’il a pu être intercepté à plusieurs reprises en Ukraine par des systèmes Patriot. Au final, comme souvent du côté du Kremlin, il y a les discours au vocabulaire martial et les faits qui remettent en question l’efficacité de ces armes.

Enfin, un sous-marinsous-marin a tiré un missile de croisière subsonique Kalibr contre une cible navale. Le Kalibr est un classique de l’armée russe. Sa trajectoire à basse altitude le masque des radars, mais sa faible vitesse le rend vulnérable une fois qu’il est détecté. En combinant son départ avec un missile hypersonique, il pourrait compliquer la tâche des défenses adverses.

Globalement, ces exercices simulent essentiellement des attaques contre les pays baltes, la Pologne et également en Arctique. Et ils tombent précisément au moment où une nuée de drones russes a pénétré en Pologne. Un événement qui a amené le Royaume-Uni et la France à dépêcher des avions de chasse pour protéger le ciel polonais.

Avec ces renforcements militaires de part et d’autre, la fin de cet exercice est attendue avec une certaine impatience. La moindre erreur durant ceux-ci pourrait avoir des conséquences explosives. C’est aussi pour cette raison que la Russie a simulé l’essentiel des tirs.

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